Senán - it’s one of those kind of night

Aout 1898. Le souffle court, le choixpeau sur la tête, le coeur bat à la chamade. Le garçon se doute, mais il n’y a aucune certitude. Il ne se connait pas encore assez pour savoir que le vert et l’argent viendront bientôt décorer avec délicatesse les rebords de sa robe de sorcier. Il ne sait pas encore qu’il arborera avec fierté l’écusson de l’équipe de Quidditch et que sa batte viendra frapper avec force les cognards de Poudlard, pour la victoire de la maison du Serpent.  
Juillet 1905. Les sourires sont francs, la fierté est palpable, le diplôme est là, au creux de la main du Serpentard qui s’en va sournoisement vers de nouvelles contrées. Comme chaque examen, Senán a dû mettre toutes les chances de son côté pour s’illustrer. Il observe au loin un homme, adossé contre un mur, l’observant, les bras croisés sur la poitrine. Il le rejoindra bientôt en stage. Lui, l’irlandais, qui a travaillé le revers et le coup droit durant de longues années de Quidditch rendra l’uniforme dans quelques heures. De bien beaux desseins l’attendent ailleurs.

Septembre 1905. La clef se tourne dans la serrure, un cliquetis répondant au mouvement qui brise le silence du soir qui tombe. Ça y est.
La porte s’ouvre, tout est vide face à lui. Il avance, d’un pas lent, le parquet qui craque sous les semelles. Ça sent le bois, la poussière, et un léger parfum, sans doute quelqu’un est venu nettoyer l’endroit avant son arrivée. Une immense fenêtre se dresse face à lui, offrant une vue imprenable sur la ville qui s’éclaire au rythme du soleil qui se couche. Il ne s’est pas trompé. Il sait où il a mit ses gallions.
Le sac de voyage à sa main tombe sur le parquet tandis qu’il lève les mains au ciel, un sourire franc sur le visage. « Tadaaaah ». Il est heureux. Il a laissé derrière lui le cocon familial. Peut être la distance de sa nouvelle vie lui donnera plus de plaisir lors des retrouvailles. Il n’y a pas eu de larmes, pas eu de tristesse, simplement de légers sourires, et une main sur l’épaule.  

Novembre 1910. La poignée de main est ferme, le regard ne cille pas. Il attrape la plume qui va sceller le début de sa véritable carrière au sein du ministère. Il appose sa signature, et ne peut retenir les lippes qui se rétractent en un sourire en coin. Il y est. Il lève un regard déterminé vers l’homme qui lui fait face, se jurant qu’un jour, c’est lui qui siègera à sa place.

Janvier 1912Le poing se lève, prêt à fendre l’air. La mâchoire serrée à s’en faire grincer les dents. Senán la sent monter. Elle est là. Elle se glisse dans son organisme comme un poison, parcourant lentement chaque parcelle de son corps, faisant frémir son échine. La bascule s’est faite, il se sent plonger lentement dans les méandres de son esprit, loin, bien loin du contrôle. Les phalanges s’abattent, les os craquent sous le choc, le regard n’est plus le même. Un voile semble avoir assombrit les yeux de jade du blond. Un second poing se lève, mais rapidement stoppé dans sa course vers l’arcade de sa victime. Deux mains l’attrapent violemment par les épaules pour le tirer en arrière, Senán repoussant avec force cet assaut non désiré, se jetant de tout son corps en avant. Et d’un coup c’est l’immobilité. On l’a maitrisé d’un immobilus bien lancé, ne permettant seulement à ses lèvres de faire passer un cri de rage animal. Sa respiration se saccade, il ne parvient pas à se calmer. « Sen, stop ! ».

FACTS
I. Homme d’affaire émérite et ambitieux la journée. Il est un travailleur acharné, habile de sa langue, et à toujours aimé les challenges. S’il est arrivé où il est en aujourd’hui, ce n’est pas seulement grâce à son nom ou à son argent, mais surtout à son talent.
II. Joueur et flambeur la nuit. Il n’a aucune limite lorsqu’il s’agit d’amusement. Les cartes et le poker sont une seconde nature pour lui qui peut passer des nuits blanches devant ses jetons. Les regards enjôleurs, le champagne au goulot, le costume du jour devenu lambeau sur sa peau, l’enivrement et les jolies filles auront toujours raison de sa volonté.
III. Batteur de l’équipe Serpentard durant sa scolarité à Poudlard, il a rapidement troqué le balais contre les petits fours des loges des plus prestigieux stades du monde. Il est sportif et passionné de Quidditch mais préfère de loin le travail de l’ombre.
IV. Solitaire, il ne s’entoure que de ceux qui comptent. Il n’est pas tourné vers la famille, mais a le respect du nom et du rang. Il sait que pour avancer en société, il faut savoir associer les bonnes personnes. Il n’est pas friand des soirées mondaines, mais ne refusera jamais une invitation, la perspective de sceller de potentielles alliances étant bien trop alléchante.
V. Discrète tête brulée, casse-cou malicieux, on ne lui prêterait à aucun moment un attrait certain pour la bagarre. Homme de bonne famille, on le verrait plutôt régler ses conflits d’une phrase sanglante ou d’un sort bien lancé. Il n’en est rien, et préfère de loin se battre à mains nues, quitte à se faire amocher sérieusement. Qui a dit qu’on ne pouvait pas se battre en costard trois pièces ?
VI. Son tempérament instable peut le faire basculer à tout moment. Il peut, au cours d’une soirée tranquille, vous faire partir dans des embuscades dont lui seul a le secret et vous emmener explorer les endroits sombres de vos propres vices avec un sourire angélique collé sur le visage. Il peut, au contraire, disjoncter lors d’une altercation et tuer une homme à main nue.
VII. Un souvenir le hante, et le met face à ses propres démons. Pourrait-il se débarrasser de l’image du corps sans vie à ses pieds ? Pourrait-il recommencer ? Son instabilité l’effraie comme elle l’obsède. Il la voit comme une chimère, qui rampe dans la nuit lorsqu’il se sent perdre pied. Elle l’a poussé à frapper sans retenue, l’homme qui avait tenté de lui dérober quelques gallions, ce soir là. Elle lui a ôté tout self contrôle, et l’a observé s’acharner, sans que personne ne puisse venir l’en empêcher. Elle s’est évaporée, lorsqu’enfin sa raison est venue la chasser. Debout, face à sa victime, Senán a su retrouver son sang-froid. Afin de ne pas ternir la réputation de sa famille et de ne risquer de passer toute une vie à Azkaban, il a réussi à faire disparaitre le corps du malheureux avec l'aide précieuse d'un ami de longue date.

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