un jour en été pour des siècles en hiver (lase)

chronologie mois 1881. naissance de laserian. 1884. naissance de son frère, phineas. octobre 1889. naissance des jumeaux, orion et psyché. septembre 1892. première rentrée à poudlard, chez les verts et argents, rencontre amadeus lestrange dans le poudlard express, qui deviendra son meilleur ami. octobre 1892. sur eleonora que tombe son regard à répétition, étincelles naissantes, amitié qui n'aura de cesse de s'ancrer au fil des années, ce sont d'autres sentiments qu'ils taisent parce qu'ils en sont persuadés, qu'ils ne pourront jamais s'avoir différemment, destinés à tous ces autres par leurs parents. septembre 1894. premier cours de soins aux créatures magiques, inscrit à l'option sur l'avis paternel. ce dernier ne se doute pas de l'intérêt que développera rapidement son fils pour le sujet. le sait dès ses treize ans, lase, ce qu'il fera après. se rêvera magizoologiste durant près de six années, quand son père le destine à leur extermination. 1892-1899. scolarité menée avec brio, facilités en la matière, insupportable pour certains professeurs, brillant pour d'autre. pas le meilleur de l'école comme l'aurait souhaité son père, la malice prime et la mémoire qui enregistre bien trop facilement suffisent à sauver les meubles habilement. à ne pas ouvrir un bouquin des vacances de noël, ricaner aux soufflantes et lui envoyer dans un plaisir mesquin ses résultats honorables. prometteur mais trop têtu, c'est ce qu'on en dit, parce qu'il n'aime que rarement les devoirs qu'on lui colle, discute des méthodes d'enseignement dans un culot déconcertant, et préfère apprendre à sa manière. dédain qui ne passe certainement pas avec tous les professeurs, certains cernent pourtant son goût pour la compétition. à tirer sur les bonnes ficelles de la provocation, rares sont pourtant ceux dignes de son attention. été 1899. désirs réduits à néant, nulle ruse, nul chantage n'aura raison du géniteur. se refuse férocement à suivre un apprentissage concernant les monstres, comme son père les évoque, s'il s'agit ensuite d'abuser de ce savoir pour leur élimination. "compromis" qui se trouve entre eux, poste au ministère pour lequel il devra malgré tout se battre, mais pour intégrer le département des mystères. cage qui se referme autour de lui, colère qui ne cesse de s'accroître à l'égard du paternel. 1901. si phineas a depuis longtemps accepté les fiançailles imposées, c'est à vingt ans que laserian refuse celles que l'on a toujours fait traîner à ses oreilles dans l'espoir de les ancrer dans son crâne. épousailles subliminales face auxquelles l'esprit se blinde. non, c'est ce qu'il commencera à dire à son père et à ses multiples propositions, pendant plus de dix ans, non sans une sincère satisfaction. juin 1905 achève sa formation et devient officiellement langue-de-plomb. père prétendument fier d'après sa mère, laserian ronge son frein en sachant pertinemment que l'orgueil ne s'anime que lorsqu'il arrive à ses fins. six janvier 1914 expédition comme il en mène en solitaire depuis longtemps, à suivre de loin un troupeau de veaudelunes dansant, avec une morsure de loup qu'il revient, chancelant. malédiction cheminant déjà dans les veines malgré les soins et sortilèges. seules hestia lestrange et roisin whelan, qui lui sont venues en aide, sont au courant. secret scellé d'un pacte magique. treize avril 1914 père qui suggère des fiançailles avec son amie d'enfance, que laserian refuse à la surprise générale dans une violence verbale non sans séquelles. préfère tirer un trait sur l'amour de sa vie, inavoué, plutôt que de céder à l'influence de son géniteur.

ANECDOTES OU HISTOIRE AU CHOIX


Il est toujours allé trop vite, Lase, difficile à suivre. Pour Phin qu'il a appris à ralentir et se retourner, revenir sur ses pas, l'aider à se relever après une chute malheureuse. Et puis, pour Orion, à le rattraper au vol quand, à l'instar de son aîné, celui-ci se mettait à vouloir courir avant d'avoir appris à marcher. Apprendre à Psyché à voler, portée à bout de bras, prête à décrocher les étoiles bien avant d'avoir son premier balai. Pour ça qu'il n'est jamais allé bien loin, quand bien même souhaitait-il ne faire de son père qu'un souvenir amer. Celui qui le faisait ricaner les premiers temps, quand Poudlard s'imposait en échappatoire, loin du domicile familial, du sermon parental. Bien que sa mère qui lui manquait, ses mots plus tendres, la douceur de ses regards encourageant. Ses lettres qu'il dérobait à la volée à son hibou trop têtu, à renverser assiette, couverts, verre, pour se dresser de toute sa hauteur sur la table des verts et argents, sauter en tendant les bras pour piéger le volatile insolent et se foutre des protestations. Il l'a aimée, cette école, à grappiller des miettes de liberté ne rendant les retours que plus difficiles. Et frapper trois fois plus fort dans les cognards au retour des vacances d'hiver, réinventer la tronche paternelle sur celle de ses adversaires. Parler jusqu'à pas d'heure avec Amadeus en imposant le silence aux plaintes de leur dortoir. Regarder le soleil avec trop d'intensité, à celui qui fermerait les yeux en premier, allongé dans l'herbe, la tête posée sur le ventre d'Eleonora. Inventer son propre règlement et se tirer à la belle étoile avec Adeto, arracher des pulsations erratiques au myocarde en multipliant les plans foireux. Se lever en plein cours pour tenir tête aux professeurs, faire perdre des points à sa maison mais s'en foutre, complètement. Et connaître ses premiers baisers au bord du lac noir sous un soleil de printemps, embrasser, ensuite, un garçon près des cachots pour en saisir les différentes nuances, apprécier également la différence. Et forger son expérience. Des rêves encore plein les méninges. Invincible, indomptable.
Il ne le savait pas encore, Lase, qu'il deviendrait plus difficile de s'évader, en rentrant à Londres définitivement.


C'est la première chose qui lui revient, quand il ouvre les yeux. Pas sur le plafond de sa piaule. Monstre, qui claque dans le bureau du père. Il essaye de se redresser, recolle sa tempe fébrile sur l'oreiller. « Tu délires, tu as de la fièvre. » La voix est familière. Il la revoit, du haut de ses quatorze ans, en train de rire de bon coeur avec Phin. Paysage connu qui défile, a de nouveau dix-sept piges, Malfoy, arpente le couloir comme en territoire conquis, glisse un bras autour des épaules d'Hestia, lui coule un regard en biais assorti d'un sourire en coin. « Bonjour, la plus belle. » C'est ce que formulent ses lèvres à l'heure actuelle, rire grignotant ses cordes vocales et secouant l'échine meurtrie. Il revoit l'éclat cinglant dans l'oeil de son cadet, et puis, ça résonne de l'autre côté du lit, subitement. « Arrête de rire, on ne peut rien faire si tu t'agites comme ça. » Le ton est plus autoritaire, inévitablement que ses yeux rieurs tombent sur Roisin, air interloqué qu'il feint, le comédien. « Et si je m'agite pour toi, tu es contente ? » Il le murmure, ne sait réellement si sa voix leur parvient. Et soudain, l'école disparaît. Passé plus rapproché qui s'incruste sous les tempes. Douleur lancinante à droite du poitrail, sortilège qui arpente la chair et tente de réparer, d'estomper au moins, le mal qui s'y fraye déjà un chemin. Astre sélénite illuminant la plaine, ça gronde dans son dos et il s'effondre. Genoux à terre, rotules qui s'écrasent et étrangement, c'est la première chose que captent les nerfs. Les crocs resserrés dans la carne, ça ne vient qu'après. Et puis, plus rien. Quelques pas alignés. Transplaner. Ne comprendre qu'à moitié ce qui vient de lui arriver. Leur faire promettre. De ne rien dire. Laisser Roisin serrer les dents quand la magie scelle le pacte. Retomber dans le néant. Se réveiller. La regarder. Se laisser soigner, ravaler la fierté. L'emmerder. Se rendormir. Lui demander de s'occuper de lui, encore. Esquisser un sourire en coin, et abuser. Non, Malfoy n'est pas encore mort.


« Et pourquoi j’aurais envie d’accepter ? Qu’est-ce-qu’elle aurait de plus que les autres ? » Tout. Eleonora a tout de plus que les autres. Il le sait depuis la première fois qu'il l'a vue. Mais lui, lui n'est plus ce môme qui lui courait après dans les couloirs de l'école. N'a plus rien de l'adolescent qui bravait le couvre-feu pour le seul plaisir de s'endormir à ses côtés. Ni du jeune adulte qui ne se destinait qu'à elle, en secret. Il ne ressemble plus à celui qu'elle a connu, quand il crache son venin de la sorte. Reste pas, t'as pas envie de voir ça. Tu ne sais rien de ce que je deviens. Monstre tapi sous le derme, colère qui l'emporte. Trachée en lame de rasoir, suffocation sanguine en fond de veines, il reconnaît presque plus sa propre voix. Tout ce qu’il sait, c’est qu’une fois que les vannes s’ouvrent, il n’arrive plus à s’arrêter. Alors, c’est elle qui prend, pour tout le monde. Pour son père, surtout, qui a eu l’idée de génie de proposer d’unir leurs familles par leur biais. En a rêvé depuis près de deux décennies, le fils, de passer sa vie avec elle. Goût d’impossible entre les lippes qui n’ont jamais su s’amouracher que pour mieux se dérober dans la surprise. Choc que de sentir les palpitants s’affoler en lâchant prise. Tension régnant entre les deux mômes depuis trop longtemps, écarts tolérés car intermittents, avant de fermer les yeux, les rouvrir sur leur amitié, et ne surtout jamais en parler. De ça. De la striction autour des poumons en s’imaginant avec d’autres. De la chute libre du myocarde dès que leurs parents se mettaient en tête de les fiancer, chacun de leur côté, jamais ensemble. Et du soulagement s’improvisant rires éclatants entre eux, à se raconter une à une les excuses savamment trouvées pour mieux retarder l’échéance. L’ont jamais nommée, cette émotion incontrôlable née de leurs premiers échanges à Poudlard. Celle sur laquelle il crache délibérément, devant leurs parents respectifs, huis clos prudemment improvisé, bon compromis. Valait mieux les marier ensemble, que pas du tout. Céder à ce qui sautait aux yeux comme une évidence, en se disant sans doute que c’était tout ce qu’ils avaient toujours souhaité, aucune résistance attendue. « J’en n’ai jamais voulu, de ces fiançailles, c’est sûrement plus maintenant que ça va changer. » Il dégueule sur cette idée, celle qui ne lui appartient pas plus qu’à elle, plus maintenant que d’autres l’ont énoncée. Pas la première fois qu'il sera odieux pour faire fuir une prétendante, famille sur les talons. Première fois que ça lui fait mal, pourtant. Et il tonne, l’insoumis, s’érige face au paternel avec plus de férocité qu’il n’en a jamais eu dans sa vie. Peut bien l’avoir forcé à abandonner la carrière désirée, le coller au Ministère, le contraindre à œuvrer pour l’Ordre – pour la famille, en réalité. Mais prononcer son nom à elle, jamais. Maîtriser cette parcelle de son existence, jamais. « Qu’est-ce-que vous avez tous à m’regarder ? Vous vous attendiez à quoi, sérieusement ? J’reviendrai pas sur ma décision, jamais. » Il l’entend presque, la fracture de son cœur, celle qu’il essaye d’effacer en s’époumonant toujours plus fort, jusqu’à ce que le souffle ne s’éteigne, qu’elle ne disparaisse de sa vie. Poids mort au fond des côtes, son parfum flotte encore dans l’air qu’il le sait déjà, qu’il ne l’oubliera pas comme ça.