C'est drôle le bonheur, ça vient d'un seul coup, comme la colère.

1876 – Naissance de Scylla Prince. Enfance tirée à quatre épingles, les bonnes manières héritées des origines aristocratiques. On lui apprend la discrétion, la loyauté envers les siens. Plus tard, elle sera une bonne épouse. Comme née pour ça. 1887 – Entrée à Poudlard, répartition chez les Serdaigle. 1890 – Les premières formes apparaissent et les humiliations de son frère pleuvent sur la petite Scylla qui ne renchérit rien, chaire à canon, qui ne répète rien. Seule, elle maudit cet aîné qui pense la posséder, mentalement comme physiquement. Balivernes, la gamine est loin d’être faible. 1894 – Fiançailles, puis rapidement, mariage avec le téméraire Faust Potter. Un amour en dents de scie ; Scylla est secrète et se livre difficilement. Il lui montre la voie du rêve qu’elle se refuse, le garçon s’arme de patience pour qu’elle lui porte plus d’attention qu’à ses bouquins. 1896 – Naissance d’Icare Potter, premier fils du couple ; fierté brillante dans le regard paternel. Scylla s’accroche à ce petit bout d’espoir qui la rattache à son époux ; elle l’aimerait moins turbulent, mais se surprend à l’observer lorsqu’il passe le seuil de la porte, et à attendre son retour. 1899 – Naissance de Rickon Potter, qui lui ressemble plus. Dès la naissance, amour inconditionnel et bien inconscient pour ce deuxième fils, fruit d’une dure labeur. 1900 – Scylla s’adoucit, s’autorise les sentiments, la passion, l’amour. Le voyage, la découverte. Potter la fait frémir et elle apprécie, un temps, de se sentir vivante. Janvier 1908 – Atticus Prince bat sa fille. Si elle a déjà été témoin de ce genre d’éducation brutal chez les Potter, jamais elle ne se permettrait de se frotter à Henry sur ses qualités de père. Cependant, folle de rage de voir ce corps si chétif subir coup sur coup, elle s’oppose à son frère, pour la première fois de sa vie. Tension palpable, un passé d’avilissements qui nourrit sa haine, et elle lui fait comprendre, qu’aujourd’hui, elle est tout là où il n’est plus rien, du moins dans son esprit où il n’a plus aucun ascendant. Langue de vipère lorsqu’elle veut l’être, les sarcasmes sifflent avec une aisance déconcertante ; la gamine qu’elle était transpire d’une âme vengeresse. L’homme est désarmé, face à cette sœur qui a désormais l’avantage du nom : le coup veut partir, mais Faust s’improvise justicier. Plus jamais elle n’adressa la parole à Atticus, privé de tout contact avec les rejetons de celui-ci, et notamment sa nièce protégée, Prudence. Août 1908 – Adultère de Faust. Jamais avouée, pourtant, les silences valent plus que des mots. L’amour est toujours présent, mais s’est fané, est délaissé. Scylla se sent trahie, déçue par celui qui lui a pourtant éveillé l’espoir, des années auparavant. Jamais, elle ne s’offre à un autre homme par provocation ou regret. Jamais. Toujours, elle vaudra mieux que lui. Amertume qui la rend silencieuse alors qu’elle soigne ses blessures et panse ses plaies ; jamais elle ne pose de questions. 1909 – Après des années d’oisiveté, à vivre sur les économies de ses parents, et maintenant celles de son mari, Scylla veut s’émanciper. La trahison de Faust lui a porté un coup dans sa fierté féminine. Elle devient médicomage indépendante, et prodigue des soins à domicile, elle qui a toujours eu un attrait pour la médecine et donc les rêves ont été avortés bien trop tôt. 1912 – Le patriarche Potter, père de Faust, se fait insistant pour trouver des fiancées à leurs enfants. Scylla n’est pas contre l’idée, mais aimerait avoir son droit de veto sur les heureuses élues. Contre toute attente, Faust lui laisse prendre la décision. Cinq ans ont passé depuis son erreur et de l’eau a coulé sous les ponts. Comme le début d’un pardon. Ensemble, le couple décide de ne rien imposer à leurs enfants, et Scylla renonce, un peu à contre cœur, de se mêler des affaires sentimentales de ses garçons. 1913 - Cygnus est enfermé dans la cave de l’autre moitié des Potter, Faust est hors de lui. La tentative de Scylla de le calmer se solde d’une violente gifle qu’elle n’est pas près d’oublier. Maudite impulsivité de son mari, qui creuse un nouveau fossé entre Scylla et lui. Faust entre en guerre contre Henry, et Scylla subit le courroux égocentrique de celui qui partage encore sa couche, et à qui, bien naïvement, elle reste toujours loyale. Février 1914 – Grindelwald accès au pouvoir. Scylla ne voit pas forcément cette annonce d’un bon œil et a peur pour sa famille ; ils ne sont que des pions, et elle est la première à anticiper leur situation. Si elle sait très bien que son mari s’indigne de ces nouvelles politiques, elle lui intime la prudence et la discrétion. Dispute à ce sujet ; Faust ne veut pas rester passif. Finalement, Scylla arrive à lui faire entendre raison, au nom de leurs fils, et il se tait un temps. Avril 1914 – Morsure de Scylla. Sa vie se chamboule, désormais rythmée par les caprices de la lune. Elle décide de garder le secret pour le moment, et missionne son elfe de maison pour se procurer de la potion Tue-Loup. Cependant, le breuvage n’étant pas fiable, elle fait en sorte de s’éclipser pendant les nuits de pleine lune, ce qui ne semble pour l’instant pas éveiller les soupçons de son mari et de ses fils. Juillet 1914 – Quatre mois qu’elle essaye de s’adapter à sa nouvelle situation ; en vain. Elle qui a toujours été d’une nature si calme, tirée à quatre épingles, ne contrôle plus rien. Ses pulsions, ses émotions, ses sens. Tout est démultiplié, et un bourdonnement constant dans sa tête manque de la faire sombrer dans la folie. En parallèle, les idéaux de son mari ne cessent de s’affirmer et alors qu’il s’agace de l’absence de réaction de Scylla quant à la situation actuelle, elle essaye simplement de protéger sa famille. Du nouveau régime, des dualités d’opinions qui commencent à émerger, de la guerre en approche. D’elle-même.

anecdotes I. Dernière née d'une fratrie de trois enfants, les Prince ne sont ni connus pour leur tendresse ni pour des quelconques idéaux féministes ; bien au contraire. Face à la misogynie de son père, de ses frères, le silence a été sa meilleure défense, et les doux yeux de sa mère. Triste mère. Élevée pour lui ressembler, femme docile, cultivée, sage et silencieuse. Au détail près que Scylla a l'avantage de l'intelligence, jeune stratège qui se dessine avec les années ; discrète, elle pose ses pions. L'aîné croit la posséder, obsession malsaine pour sa petite protégée, princesse à enfermer dans une tour de pierre, usant de coups pour éloigner chaque rapace, chaque vautour. Harcèlement physique et moral qui rythme son adolescence à l'apparition des premières formes ; jusqu'au jour où elle dit stop, la princesse, les arrières assurés par son chevalier au patronyme efficace. Échec et mat. Anecdote II. Jeune, et selon les coutumes aristocratiques, elle étudie au manoir, accompagnée de divers professeurs compétents et sélectionnés par les soins de son père. On lui apprend les premiers sortilèges, notamment de soins, la géographie, l'histoire sorcière, les premières théories d'astronomie. Rapidement, elle dévore l'illustre bibliothèque familiale, et se passionne pour tout ce qu'il y a de curieux dans ce monde. Évidement, on n'oublie pas de l'éduquer selon les principes français, et elle apprend les bonnes manières, les techniques d'éloquence ainsi que l'art d'être une bonne épouse, de manière bien plus subtile cependant. Anecdote III. Maternelle, on lui apprend ce qui semble être inné chez elle ; quelle ironie. Comme née pour être mère, un certain regret de ne pas avoir enfanté une fille. Mais Prudence et Lyrae lui offrent ce cadeau de la vie, ou ce qui y ressemble le plus : consciente des querelles qui divisent ses nièces, elle aimerait les voir réunies, un jour. Du moins, elle aurait aimé, loin de se douter que Prudence est encore bel et bien en vie, rescapée des colères du paternelle. Anecdote IV. Une mère, mais avant tout, une femme. Les déceptions et les humiliations n'auront jamais atteint sa fidélité et sa loyauté éternelle envers son mari, demi-dieu qui l'aura sauvée, non sans mal, d'un autre tordu ou cruel. Initialement promise à un autre, il se sera battu pour ces beaux yeux pendant longtemps admirés, désirés, malgré l'indifférence taciturne de la jeune aigle qu'elle était. Et puis, elle s'autorise l'aventure, la passion, l'amour. Peut-être n'aurait-elle pas dû. Aujourd'hui, elle s'accroche à des souvenirs, des bribes de tendresse qui résident encore, parfois. Autrefois, elle ne croyait pas à l'amour, le couple n'étant qu'un symbole, qu'un prétexte pour n'engendrer qu'une descendance - qu'on lui avait répété de si nombreuses fois. Son destin qui semblait parfaitement modulé, il y avait tiré un grand coup de pied et avait tout reconstruit à sa manière, avec elle. Il lui avait montré qu'il existait d'autres matériaux pour forger cet édifice ; les sentiments, les émotions, la surprise, l'excitation. Et, fatalement, la déception, l'amertume. Deux âmes vagabondes, dont les chemins s'entrecroisent encore un peu, parfois. Anecdote V. Nombreuses fois, la tentation est venue frapper à sa porte. Nombreuses fois, elle a senti cette fièvre monter en elle, face à un homme ou un autre, dont le regard la faisait sentir désirable à nouveau. Nombreuses fois, elle a écumé son corps de toutes ces sales pensées, de toutes ces mains baladeuses des pervers en perdition. Jamais, elle n'a cédé. Éternellement fidèle à cet homme qui n'est presque plus qu'un inconnu, sans réellement savoir pourquoi. Étouffée par un espoir qu'elle maquille de fierté et d'autres couleurs rougeoyantes. VI. L'allégeance est bancale, davantage encore depuis sa morsure. Habituée au confort, elle préfère le côté qui lui apportera la tranquillité. Peu habituée à la présence d'impurs, elle se prononce peu sur le sujet, loin de tout tracas politique, et tentant, tant bien que mal, de raisonner son mari sur ses idées rebelles. Elle lui en veut de voir l'avenir d'un monde dont elle se fiche bien passer avant la protection de sa famille. Grindelwald ne lui inspire pas confiance, au même titre que ces groupuscules révolutionnaires qui semblent commencer à faire du bruit ; toute cette agitation la rend anxieuse, et dans son égoïsme, elle regrette le temps avant la guerre, où nobles et petits princes comme elle vivaient bien paisiblement, aveugle de la misère croupissant dans les bas-fonds de Londres. Anecdote VII. Six ans, que son frère Atticus lui refuse tout contact avec ses neveux, et notamment avec Prudence. Elle ne sait pas ce que la gamine croit, mais une certitude ; son père lui ment. Les hiboux sont envoyés par dizaine mais reviennent toujours les pattes vides, et alors qu'elle apprend la mystérieuse disparition de Prudence, elle est persuadée que les coups physiques et moraux d'Atticus ont eu raison d'elle. Son deuxième frère, quant à lui, ne relève pas beaucoup le niveau. Si elle n'a pas eu d'altercation particulière avec Deimos, il coupe les ponts avec elle en 1909. De la même manière, elle perd le contact avec sa nièce Elphaba, qui lui accorde à nouveau sa confiance récemment, suite à sa fausse couche. Anecdote VIII. Des habitudes quotidiennes qu'elle entretient depuis des années déjà. Matinale, elle aime arroser ses plantes d'intérieur elle-même, le matin. Le thé de quinze heures n'est évidement pas une étape à négliger, tout comme le bain du dimanche. Une femme réglée, à l'existence contrôlée par le tic tac de l'horloge, qui, pourtant, a ce besoin de passion qui gronde en elle. Faust l'a en partie comblé, pendant leur jeunesse. La Loge semble avoir pris le relais.

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