yesugei + hungry like the wolf.

Octobre 1879. Dans l'étendu de la steppe mongole, le voile obscur de la nuit s'étend à perte de vue, le silence est d'or, et rien ne vient perturber la quiétude environnante. Yesugei sort des entrailles, éructé des cuisses de sa mère, Oyunchimeg, épouse du Khan, Khaidai. Malgré la douleur de l'accouchement, il y a peu de bruits. Les femmes s'affairent, récupèrent l'enfant et le nettoient à l'eau claire, récupérant le liquide sacré à même le baquet avec une louche en métal. On conte que le nouveau-né est resté silencieux, jusqu'à ce qu'il ne réclame le lait maternel quelques heures plus tard. Un silence qui ne fera qu'agrémenter les spéculations sur cet être à la destinée de Khan; on dira de lui qu'il ne parlait que lorsqu'il le jugeait nécessaire.
1880. Le puîné vient au monde. Cette fois-ci, les cris déchirent le manteau sombre et brisent le silence sacré. Du haut de ses deux ans, Yesugei assiste à la scène, son père se tenant derrière lui, une main particulièrement imposante sur son épaule. Rien ne doit détourner son regard. L'enfant doit s'endurcir. Assister à l'épuisement d'un tel acte fait partie de cet apprentissage. Lorsque le cadet est apporté dans les bras de cette seconde mère, inconnue aux yeux de l'aîné, Khaidai quitte la hutte suivi par son mâle héritier, quelques pas derrière. Yesugei ne jettera aucune œillade en arrière, bien trop occupé à regarder droit devant lui comme on le lui avait enseigné.
Janvier 1882. La benjamine découvre le nouveau monde, éructée elle aussi des cuisses d'une troisième mère. C'est la tradition parmi les Greyback : les enfants de la meute ne sont liés que par le sang du pater. Seule l'épouse officielle est considérée, les autres n'étant que des pièces rapportées qui permettaient de perpétrer les coutumes. Yesugei assiste encore une fois à la scène. Cette fois, il reste jusqu'à observer les premiers moments entre Enkhjin et sa génitrice. L'enfant, du haut de ses trois ans, pose ses opales sombres sur ce petit être encore chaud. Il le sait, elle sera l'une de ses plus proches alliées.
Juin 1888. Le Patriarche Greyback, Lars, se rend dans les steppes mongoles comme à l'accoutumé, pour la moisson annuelle des progénitures dont les pouvoirs se sont révélés. Yesugei fait partie des élus, lui en qui l'on place bon nombre d'espoirs. L'épouse du Khan, sa mère, pose une main sur sa joue rosée. L'enfant ne sourit pas, hoche la tête de manière respectueuse, et s'en retourne au Patriarche. À neuf ans, le poids des responsabilités ne semble pas lui affaisser les épaules.
1888 – 1890 L'héritier du Khan se mue en une créature britannique qui trompe même l'oreille des plus expérimentés. Il apprend la langue de Shakespeare avec précision, s'attardant sur l'accent qu'il pique à la moindre volée de mots. L'enfant parle, se corrige et imite, assidu et docile dans son apprentissage. Il découvre la littérature anglaise, les dynasties royales, et dévore l'histoire sorcière britannique.
Septembre 1890. Yesugei fait ses premiers pas à Poudlard. À peine eut-il posé le fameux Choixpeau sur sa tête aux cheveux d'un noir de jais, que ce dernier murmure que le choix s'avère incertain. Il hésite longuement entre Serdaigle et Serpentard. C'est finalement chez les Verts et Argents que le garçon est envoyé, son ambition et son machiavélisme prenant le dessus. Yesugei se montre très rapidement à la hauteur des promesses familiales. L'enfant Greyback évolue à son aise, ne s'attardant que peu sur les relations amicales.
Juin 1894. Yesugei est un étudiant studieux. Les résultats sont très bons, il surprend les Greyback et dépasse leurs espérances. Certains se plaignent qu'il l'est peut-être un peu trop. Il n'en a cure. Il n'a qu'un seul but : arriver à ses fins, et le chemin le plus court sera celui qu'il choisira. La réussite scolaire est un passage dans lequel il peut rapidement s'engouffrer. Lui qui aime lire, écrire et découvrir sur son temps libre, il n'a aucun mal à satisfaire les exigences professorales. La voie d'Auror est déjà toute tracée dans sa tête, et il commence à placer ses pions, se rapprochant des référents pédagogiques les plus à même de le soutenir dans cette démarche. C'est ainsi qu'il excelle, pour ses BUSEs, en Métamorphose, en Sortilèges, en Potions et en Histoire de la magie, où il obtient quatre mentions optimale. Il décroche trois mentions effort exceptionnel en Défense contre les Forces du Mal, Botanique et Vol sur balai. L'Astronomie et les Soins aux Créatures magiques ne lui récoltent que deux mentions Acceptable dont il s’accommode sans peine.
Août 1894. Avec une précision méthodique, on lui a retiré presque toute allusion à son monde passé, la Mongolie. La supériorité anglaise tapisse son esprit. Il est dressé, cerbère à la destinée de Khan, dont on dira rapidement qu'il est prêt. On lui offre la Morsure, des crocs acérés de son propre père, Khaidai. Yesugei est agrippé par la nuque et l'adolescent est jeté aux pieds de la bête enragée qui s'érige devant lui. Les pattes sont plantées au sol, la gueule béante, le grognement sourd. Les féroces canines pénètrent rageusement dans la peau de l'épaule et la tradition familiale s'instille dans son sang, parcourt ses veines, honnit son être autant qu'elle le maudit. L'engeance du loup s'emparera de lui. Revoca me domino meo; le tatouage runique vient parer son dos à la peau mate. La note finale s'ajoute à ce couplet lorsque l'on passe autour du cou de l'adolescent une chaîne en argent raffiné, frappée aux armoiries de la Famille. L'argent est raffiné de telle sorte qu'il ne fasse que brûler légèrement le sorcier en permanence, constant rappel de l'engeance omniprésente et de sa soumission acceptée.
Juin 1896. Les examens qui sanctionnent sa dernière année au sein de l'académie se passent sans anicroche. Par souci de constance pédagogique, désireux de ne pas se fouler davantage, et de mettre à profit son temps libre sur autre chose, Yesugei ne travaille que sur le nécessaire et obtient les mêmes résultats que pour ses BUSEs. On lui reproche de se reposer sur ses lauriers, mais le jeune homme balaie les remarques d'un silence assourdissant. Il parle peu, comme à son habitude, mais il sait qu'il a obtenu ce qu'il voulait. Dorénavant, il n'a plus qu'à faire le premier pas dans la formation d'Auror, ayant rempli haut la main les pré-requis.
1897 – 1898. Avant de s'engager dans sa formation, Yesugei décide de se mettre au service de ses aînés. L'occasion idéale pour lui d'apprendre les rouages du métier, de montrer sa soumission à la Famille, de se prouver digne de l'héritage qui est sien. La couronne épineuse de Khan se posera un jour sur sa chevelure de jais, et il se sait investi d'une mission sacrée.
1899 – 1902. Yesugei s'engage dans la formation tant attendue. Il sait que le poste lui sera utile le moment venu, pour le bien de la Famille. Il passe haut la main les tests d'aptitude et de personnalité, que l'on qualifie de particulièrement rigoureux. Son méthodisme et son sérieux à toute épreuve font de lui un candidat idéal. Ses capacités de réaction face aux situations dangereuses le placent en haut du panier; il peut certainement remercier sa nature maudite pour cela. Engeance damnée aux sens affûtés, il lui est aisé de se tapir dans l'ombre et prendre en filature sa proie. On lui reproche une communication lacunaire. Son esprit d'équipe n'est pas aussi développé que les instructeurs l'aimeraient, mais ils le savent bon soldat. Il est admis à l'examen final.
1903. Yesugei fait son entrée au Ministère, au Bureau des Aurors, unité du Département de la Justice magique. Il ne fait pas de vague, observe et récolte des informations. Il échafaude dans sa tête un plan pour parvenir à ses fins : un tel travail devrait lui permettre de protéger d'une manière ou d'une autre les agissements de la Famille. Pour cela, il doit avoir davantage de latitude; la tête du Bureau devrait satisfaire ce besoin. Il travaille en ce sens, développe sa communication et son esprit d'équipe, non sans peine.
1904. Svein Greyback, second de la meute, épouse Aletheia Delenikas, sorcière chypriote. Yesugei observe une fois de plus, écoute les réticences de ses frères d'armes, sans jamais abonder en leur sens. Il sait que l'étrangère n'est pas la bienvenue aux yeux de tous. Le jeune homme se repose sur sa sœur cadette et sa mère. Il se forgera une opinion de lui-même lorsqu'il apprendra à la connaître, si d'aventure ils venaient à se croiser. Yesugei évitera soigneusement de déclencher ce moment, préférant rester à l'écart.
1907. La fin de vingtaine tassée, le jeune homme prend finalement la tête d'une escouade au sein du Bureau des Aurors. Corrompu jusqu'à la moelle, il a dorénavant toute latitude pour agir. Détruire les traces, effacer les noms des dossiers, semer les graines du doute, écarter les plus curieux, accepter les transactions monétaires contre des silences; voilà quel est son lot quotidien. Il aime ce travail, qui lui donne la liberté qu'il espérait, et qui lui permet de prouver d'autant plus sa soumission à la Famille. Lars le sait loyal. Il ne peut en être autrement de toute manière.
1909. Le Khan est mort, vive le Khan. Khaidai, le pater, périt lors d'une mission, aux côtés de Svein Greyback. Aletheia revêt le noir du veuvage, tandis que Yesugei revêt la couronne épineuse. Cerbère parmi les cerbères, minotaure gardien des monstres, le nouveau Khan s'érige en chef de meute redoutable. À son passage, tous baissent la tête, y compris sa mère, Oyunchimeg. Cette vision lui fait prendre conscience de l'ampleur de sa tâche. Tel un nouveau Père, il veille sur ses engeances. Enkhjin et ceux ayant participé à la mission sont rapatriés. Lars veut un coupable, l’accident causant la perte de ses deux hommes n’aurait pas dû se produire. Le nouveau Khan doit prendre sa première décision difficile. Le Patriarche lui souffle, pour ne pas dire exige, la solution toute trouvée.
1910. En guise de châtiment, Enkhjin est enchaînée au Royaume-Uni et les voyages lui sont interdits. On la fait reprendre la boutique d'artefacts et autres trouvailles de l'Allée des Embrumes. Yesugei a prononcé la sentence lui-même. Il lui fait cependant confiance pour faire fleurir le marché. Elle est maligne, et l'une de ses plus fidèles alliées, pense-t-il. Il ne lui dit pas.
Mars 1911. Son monde s'écroule. Sa louve, le soleil de ses jours, la lune de ses nuits, s'éteint. Elle est fauchée dans la fleur de l'âge lors d'une mission. Yesugei ne saura jamais exactement ce qui s'est passé cette nuit-là, mais il semble qu'elle fut chassée elle-même par un traqueur. Depuis ce jour, l'Alpha n'a jamais cessé de tenter de retrouver la personne coupable de ce crime, ayant fait le serment de le lui faire payer un jour, dans d'atroces souffrances. On le conte dorénavant vide et à l'âme meurtri, le cœur éternellement en peine.
Février 1912. Les premiers balbutiements de la Confédération arrivent jusqu'aux oreilles averties des Greyback. La Famille garde toutefois sa neutralité, offrant ses services à celui qui paiera le prix le plus fort. Gallions sonnants et trébuchants s'amassent sur le comptoir de l'Antre et dans les poches de Lars. Yesugei dirige la horde d'une main de fer, l'envoyant à travers le Royaume-Uni accomplir chaque contrat qu'on leur remet. Il continue d'effacer la moindre trace lorsque nécessaire.
Février 1914. Sous l'impulsion du Patriarche, la meute ne fait qu'un et prête allégeance à Grindelwald en échange d'une liberté sous condition et d'une magie intacte. Les chaînes confédérées se rapprochent et au fil des mois, voilà la horde muselée. Yesugei s'exécute, ne dit mot, consent une fois de plus. Ce n'est pas sa place de contredire Lars. Il veille à protéger ses infants, ses louveteaux. Le Bureau des Aurors est dissolu, on nomme l'Alpha chef de l'escouade Hybrides au sein des Aigles du Ministère, l'armée de Grindelwald. Ironie du sort, on envoie les Greyback chasser leurs semblables et les nés-moldus. Dans les ombres, Yesugei entreprend des prises de contact périlleuses. La situation l'inquiète, mais il ne montre rien.
Mars 1914. Enkhjin s'occupe d'agrandir l'Antre. Les têtes des nés-moldus sont offertes en tribut. Yesugei observe sans mot dire.
Juin 1914. Deux mois après l'attaque de l'arène par la radio pirate Accio FM, Yesugei se rapproche d'un groupuscule rebelle par l'intermédiaire de Nile Shafiq. Les Enfants de Morgane lui ouvrent la porte. L'Alpha cale un pied dans l’entre-bail de la porte mais n'y entre pas tout à fait. Il observe, se tapit dans l'ombre lors des réunions, attend de voir de quoi il en retourne. Dans son esprit, les shishayans mongoles ne cessent de tambouriner. Il souhaite les apaiser. La meute en a assez des chaînes qui entravent leurs mouvements. Pour sa horde, il se met en péril.

Set fire to the rain. Le poing s'écrase contre le mur, à quelques centimètres de la tête de Yesugei. La discussion est maigre, les mots lancés avec parcimonie. On ne parle pas pour ne rien dire. Entre ces deux-là, les actes causent davantage. Goyle et Greyback, rivalité assumée depuis des générations, un ballet de coups bas et de tensions qui amuse les deux parties. L'amusement ne dure bien souvent qu'un temps, et les instincts grégaires reprennent le dessus, chacun filant la queue entre les jambes rejoindre leur propre clan. Ce soir-là, l'été revêt son manteau nocturne aux chaleurs étouffantes, une nuit à ne pouvoir respirer calmement. L'ivresse de la passion s'empare des corps; l'un est blessé dans sa fierté, l'autre le nargue. L'impulsivité légendaire du Goyle jure avec l'insultant flegme du Greyback. Leur joute verbale se transforme bientôt en une bagarre rituelle, récurrente, bien trop connue de ces deux énergumènes. Kieran bastonne dans le vent. Yesugei ne fait que l'esquiver. Ils sont seuls, dans cette pièce sombre, uniquement éclairée par les quelques faisceaux de cette lune qui ne leur offre que timidement son croissant. Les tables raclent le sol avec véhémence, les objets cassent, les murs tremblent de ces assauts répétés. La tension les consume depuis leur première rencontre. Un simple regard mal interprété suffit à ce que le tout s'embrase. Ce soir ne fait pas exception à la règle. Kieran parvient finalement à agripper sa cible par le col.

— Settle down, Goyle. I won't say it twice. Énonce calmement Yesugei.

Ses iris se plantent dans celles de son adversaire. Kieran attrape de sa main libre une bouteille d'alcool, qu'ils buvaient quelques minutes auparavant, pour l'écraser contre le rebord de table. Le tesson est alors pointé sous la gorge de Greyback.

— Goyle. Répète Yesugei, sonnant comme un dernier avertissement.

— You do not tell me what to do.

Dans un savant mouvement de bras, Greyback repousse son vis-à-vis irlandais et lui fait lâcher son arme improvisée qui se brise à même le sol. Les corps se mélangent de nouveau, pris dans une spirale belligérante, l'un et l'autre tentant d'esquiver leurs poings respectifs assénés sans vergogne. Contrairement à son habitude, Yesugei laisse finalement la colère s'emparer de son être, s'instillant dans ses veines tel un poison. Alors qu'un coup bien placé vient terrasser la joue du Greyback, ce dernier pousse un cri de rage en agrippant son adversaire par la taille pour le plaquer contre le mur. Le mur tremble sous l'impact, et Yesugei agrippe le col de Kieran d'une main, pour venir asséner à son tour non pas un, mais deux, puis trois coups de poing consécutifs au visage de Goyle. Il s'arrête dans l'élan de son quatrième lorsque Kieran laisse échapper un rire, à moitié dans les vapes. Les deux animaux nocturnes se toisent, leurs deux visages si proches l'un de l'autre. La seconde main de Yesugei vient rejoindre la première, raffermissant la prise sur le col de Kieran.

— Why are we doing this, uh? Questionne Yesugei en secouant son ami.

Le silence revient. Seules leurs respirations haletantes vient briser la quiétude de la nuit. Leurs deux corps se soulèvent à l'unisson de leurs halètements respectifs. Ils restent là, sans bouger. Yesugei sent les paumes de Kieran sur ses côtes se raffermirent sur leur prise. Le loup maintient la pression sur le col à son tour. Leurs iris se perdent ensemble. Et dans un élan respectif de passion dévorante et interdite, leurs deux visages s'emparent des quelques centimètres qui les séparent l'un de l'autre pour se rejoindre, leurs lèvres s'agrippant avec panache. Les langues se rencontrent timidement avant de danser une pyrrhique endiablée, pour finalement se quitter d’une caresse infiniment tendre. Kieran semble soudainement se rendre compte de la chose lorsqu'il feint, sans réellement le vouloir semble-t-il, de repousser Yesugei. L'appel de l'interdit est trop fort, et alors que le loup pose son front contre celui de l'Irlandais, son regard l'invite à une nouvelle infraction. Les lèvres de l'asiatique se perdent dans le cou de son compagnon d'un soir alors que les mains de Kieran viennent agripper sans douceur sa chevelure de jais. No one must know.

Blood of my blood. Lars fustige, frappe du poing sur la table, pointe son index vers l'Alpha. Des têtes doivent tomber. Les morts de Svein et de Khaidai ne peuvent rester sans conséquence. Yesugei le sait, il doit prononcer lui-même la sentence. Make it happen. Do not make me come here twice. Le Patriarche quitte en trombe la pièce, laissant le nouvel Alpha face à ses responsabilités. La mine renfrognée, l'asiatique toise sa mère qui vient de faire son entrée, en silence. Elle s'installe dans un des sièges en velours, croissant les jambes, les bras sur les accoudoirs. Elle hoche la tête respectueusement, dans un regard entendu. You do not have a choice. Il le sait, il l'admet, et il consent. Sans mot dire, il quitte lui aussi cette pièce et traverse le dédale de couloirs du manoir, pour rejoindre la salle où attend sa sœur, Enkhjin. Yesugei fait irruption, sans s'annoncer, claquant la porte aussitôt derrière lui. Elle fait les cent pas, les bras croisés, une main sous le menton. Il pose ses iris sombres sur cette dernière, et elle sait. Elle sait qu'il doit lui annoncer une nouvelle qui ne va pas la ravir. Il n'a pas le choix, mais il est aussi en accord avec cette décision. Avec le statut d'Alpha viennent de plus grandes responsabilités. Le maintien de l'ordre et de la cohésion au sein de la meute en fait partie. Punir ses louveteaux en fait partie. Souffrir en silence pour eux en fait partie. Mettre des chaînes autour des chevilles du sang de son sang ne lui plaît guère, il sait qu'elle en souffrira plus que de raison. Néanmoins, il sait aussi qu'elle finira par l'accepter. Elle lève ses yeux vers son frère, son regard crie qu'elle est désolée. I won't live like this, I can't handle it.

— You will take care of The Lair for the family, in London.

Il fait une pause, les mains croisées devant lui. Il observe sa réaction. Sa mine renfrognée en dit long, elle s'apprête à ouvrir la bouche mais Yesugei poursuit aussitôt.

— As of now, you will not put a feet on our birth lands anymore.

Il partage la peine qu'elle doit ressentir en cet instant présent. En temps normal, plutôt mourir que d'accepter de nouvelles chaînes. Cette fois-ci, elle ferait une exception; il est hors de question qu'elle se laisse abattre. Yesugei maintient son regard.

— We will not have it any other way. Tranche-t-il. Lars will not have it any other way, en réalité. Mais il ne peut le dire.

L'Alpha ne tarde pas avant de tourner les talons. Posant une main sur la poignée de porte, il lance une dernière œillade à sa sœur. You disappoint me. Il ne dit mot, et quitte la pièce, laissant la chair de sa chair à sa solitude.

Long may he reign. La nuit revêt son plus beau manteau de jais, étoilé d'incandescentes lumières dans ce ciel étendu à perte de vue, qui bientôt s'effacent derrière un amas de nuages grisâtres. Le vent souffle dans ces plaines presque désertiques. Dans cette tourbière du Yorkshire de l'ouest, l'horizon est lointain, et s'éloigne toujours plus à mesure que Yesugei s'aventure sur ces terres, la meute à sa suite. Ils ont transplané quelques kilomètres plus haut, descendant à travers la vallée, dans ce no man's land où le Khan souhaite réunir sa famille. Cela fait quelques semaines que Khaidai et Svein ont péri, et Lars a exigé que des têtes tombent pour cet accident. Enkhjin en a fait les frais, et Yesugei a prononcé lui-même la sentence, enchaînant sa propre sœur au Royaume-Uni.

La décision de se rendre en ces terres silencieuses et dépourvues d'une quelconque présence humaine a été prise dans un but précis. Le jeune homme perçoit des tensions naissantes au sein de la meute, et l'Omega a pour le moment bien tenu son rôle de diffuseur, mais ça ne peut durer. Yesugei sait pertinemment qu'un de ses loups s'apprête à le défier. Il s'arrête. La meute s'amasse autour de lui, formant un cercle étendu. Il jette un coup d’œil à sa mère, Oyunchimeg; la Reine se tient là, parmi eux, silencieuse, les mains croisées devant elle, le regard perçant. Elle scrute le moindre mouvement. Yesugei ne dit mot, comme à son habitude, observant la scène avec attention. Le silence est assourdissant. La tension est palpable. Les poils se hérissent sur les nuques, les frissons s'emparent des échines. Une branche craque, et un des loups s'avance au milieu, brisant le cercle. Lui. Yesugei l'a pressenti.

— How long before we end this fucking mockery? Vocifère-t-il alors qu'il toise avec véhémence Oyunchimeg.

Certains s'offusquent, tentant de le faire taire. Yesugei lève une main de répréhension.

— Sisters, brothers. Let him speak. Our dear friend obviously has something on his mind.

— Now that Khaidai is dead, why shall we let his leftovers rule, uh? Has she done anything to deserve this place, apart from being the Alpha's bitch? L'homme crache à terre aux pieds d'Oyunchimeg. And you, poursuit-il en portant son regard dément sur Yesugei, who are you to think you can lead our pack without any challenge? This mockery ends today. L'homme avale les quelques mètres qui le séparent d'Oyunchimeg et fait face à elle, son visage à quelques centimètres du sien. I challenge your son, and I will kill him. Then, we will execute you. And it will be the end of Khaidai's legacy.

Un rictus se dessine sur les lèvres d'Oyunchimeg alors que les nuages se dissipent, laissant les rayons lunaires transpercer le voile obscur.

— You are going to regret this, I am afraid. Dit-elle calmement, alors que Yesugei s'avance à son tour pour se planter derrière l'homme.

Au loin, alors que la pleine lune se dévoile, on entend les os qui craquent et les grognements qui déchirent la nuit. La lutte est féroce, sanglante et meurtrière. Cette nuit-là, le Khan vainc, comme toutes les nuits qui suivront.

Ta chocogrenouille se fait la malle ! Avant de transplaner, sache que tu es convié.e à participer à notre intrigue, aux rps communs et au rite de passage. il y a aussi la section du rappeltout pour les parrainages, les liens, l’évolution et les points, et à consulter les bottins pour te recenser officiellement dans ce sujet. Tu peux aussi flooder, et voter pour que ton groupe ait l'avantage à la prochaine intrigue. Je te laisse par la même occasion le 06 Discord du forum. Enfin, au besoin envoie un hibou à l'équipe. Ils aiment bien, ça leur passe le temps.