TC STE MANGOUSTE - D'eau et de poison

5 septembre 1914
L'été anglais décline, faisant place à des températures automnales douces. En ce début de soirée, les rues alentour sont calmes, seulement animées par quelques badauds finissant leurs courses ou préférant fuir leur foyer au profit des bars s'éveillant dans la capitale. Du côté de Sainte Mangouste, toutefois, des sorciers affluent peu à peu en se plaignant de divers maux. Bientôt, un petit attroupement se crée, et avec lui des murmures inquiets : tous partagent les mêmes symptômes, qu'ils ont vu apparaître de manière progressive. L'agitation se propage, on joue des coudes pour essayer de rentrer dans l'hôpital en premier, on gueule sur le voisin qui a clairement l'air moins malade qu'un autre juste là-bas, bande d'égoïstes. Les médicomages, eux non plus, n'ont pas l'air très rassurés. À l'intérieur, ils courent dans tous les sens, rassemblent les malades tandis que d'autres essaient de gérer le flot continu de patients depuis l'entrée, en demandant à tout le monde de s'il vous plait créer une file ordonnée, nous perdons du temps ! Personne n'a l'air très disposé à les écouter, ceci dit. La situation s'envenime lorsque quelque part un enfant bascule, perdant l'équilibre, puis que des cris commencent à se faire entendre, certaines personnes jurant d'avoir vu un dragon débarquer ou le Premier Ministre en personne (l'un étant tout aussi terrifiant que l'autre, n'est-ce pas). La masse gronde, pousse jusqu'à ce qu'une annonce soit émise, provenant de l'hôpital lui-même. Particulièrement bruyante, elle a le mérite de faire taire la plupart des sorciers présents. "Ne paniquez pas ! Nous pensons qu'il s'agit d'un poison, mais rien ne semble indiquer pour l'instant qu'il soit dangereux pour votre santé." Aussitôt, les voix s'élèvent à nouveau, cette fois-ci indignées par le discours qui leur paraît contradictoire. L'annonce devient alarme, pendant quelques fractions de seconde, le temps de les convaincre de bien vouloir se la fermer. "S'il vous plait, ne paniquez pas : nous avons besoin d'ordre pour pouvoir vous aider. Restez en file indienne, patientez et attendez votre tour, vous n'êtes pas en danger immédiat. Ne nous sollicitez qu'en cas d'aggravation des symptômes, et n'hésitez pas à laisser passer quelqu'un qui semble être particulièrement touché." Un silence. "Merci." Un autre battement, avant que le brouhaha ambiant reprenne. Plusieurs personnes essaient de créer une file, par Merlin, mais la plupart continue à essayer de rentrer, peu disciplinés. Les rumeurs, elles aussi, reprennent de plus belle, parlant d'attaque terroriste, de complot gouvernemental, de punition de Morgane elle-même (eh). La situation est à deux doigts de dégénérer, et n'est pas aidée par l'afflux de nouveaux arrivants continuant à se déverser dans l'entrée : l'eau est en réalité empoisonnée et, oui, toutes les canalisations de Londres sont touchées.

DisclaimerToutes les personnes ne participant pas à l’intrigue du mariage des Black (ici) sont invitées à rejoindre celle-ci, qui se passe en même temps que le premier TC. L'eau a été empoisonnée dans l'après-midi, et les premiers symptômes commencent à apparaître. Badauds ayant pris un verre d'eau dans un bar (sait-on jamais), patients déjà présents dans l'hôpital, soignants, et même flemmards ayant eu la mauvaise idée de s'hydrater avant de retourner se vautrer dans leur canapé tombent peu à peu malades. Les conséquences de cet empoisonnement sont pour l'heure inconnues de vos personnages, bien que les rumeurs vont évidemment bon train : vous ne savez pas encore que vous perdez vos pouvoirs.

Bien sûr, si vous avez tiré un dé qui vous permet de garder vos pouvoirs, n'hésitez pas à participer quand même ! Vous pouvez par exemple accompagner un.e proche malade, ou simplement être présent.e parce que vous avez entendu parler de l'attroupement et que vous ne pouvez pas résister à un petit drame pour occuper votre samedi soir.

Manifestations physiques possibles Nausées, vertiges, frissons, fièvre, vomissements, sensation d'être particulièrement vaseux, hallucinations visuelles de sévérité variable. Ces dernières vous permettent d'ailleurs d'expliquer, entre autres possibilités, la présence de votre sorcier en fuite : qui oserait dire que c'est bien eux ?

À noter qu'évidemment, pour les patients commençant à démontrer plusieurs symptômes inquiétants, leur magie elle aussi commence à se détériorer. Quelqu'un voulant par exemple en user pour couper la file discrètement risque d'avoir un léger choc.

5 septembre 1914

La nausée, elle avance, le bras d'Edelgard autour du sien. Elle sait que la sorcière est dans le même état qu'elle, mais ça ne la rassure pas. Sa fièvre est montée à pique et, poids plume, elle avait rendu dans l'évier de Nicolas une bonne partie de son repas. Prudence était livide, plus encore que d'ordinaire. Elle avait déjà le teint pâle, mais pas gris, pas terne comme celui qu'elle arborait. Véritable fleur fanée. Elle avance sans dire de mot, la tête comme un étau, elle a de toute façon l'esprit trop embrumé pour dire quoique ce soit ou protester. Même si, au fond, se retrouver en dehors de chez Nicolas dans un lieu si publique l'angoisse plus que de mesure. Si bien que très vite, l'estomac déjà en vrac s'est noué d'inquiétude à l'idée d'être reconnue en ce lieu qui fourmillait déjà de sorciers vaseux. Une fois à l'intérieur, le bruit la fait fléchir de douleur, la tête déjà au bord d'éclater. Le mouvement brusque est accompagné d'un frisson qui lui parcoure toute l'échine et quand Prudence regarde autour d'elle, voir les médicomages courir dans tous les sens lui donne le tournis, et vite, la nausée.

Empoisonnées.

Voilà ce qu'elles étaient. Pas de doute. Pourtant Nicolas lui avait promis que sa maison était sûre. Peut-être avait-on offert au mage du thé piégé, qu'elle avait servi bêtement à Edelgard aussi ? Elle aimerait bien réfléchir, Prudence, mais elle n'y arrive pas. Elle tient déjà à peine debout, si ça n'était pour Edelgard à son bras elle se serait sans doute laissée tomber quelque part. Ne serait même pas venue ici. L'annonce bruyante lui arrache un gémissement douloureux.

Il y a trop de gens... parvint-elle à dire la bouche pâteuse et la voix basse. Nous devrions peut-être... elle marque une pause, dans laquelle elle inspire pour essayer de combattre la nausée. partir d'ici.

Serrant le bras d'Edelgard des siens, elle pose sa tête sur son épaule, faible et brûlante.

Ce fut dans le plus grand des fracas que Lyrae fit son entrée à Ste-Mangouste, le souffle coupée, ses doigts agrippant encore la poignée de la porte tant ses nerfs étaient tendus.
Elle n’en revenait toujours pas. Comment était-ce possible ? Etait-ce un vilain cauchemar, un songe dont elle s’extirperait bientôt ? Car, clairement, il était impossible que Lyrae Potter soit en incapacité de reproduire un simple sortilège d’attraction. Pas plus qu’il était plausible qu’elle soit incapable de jeter une multitude d’autres sorts, plus ou moins complexes. Le pire était, qu’elle n’était visiblement pas la seule. Une bonne poignée de ses camarades mafieux semblaient victimes de cette malédiction.

Assaillie par la foule, le regard vacillant, perturbée, les yeux émeraudes rencontrèrent alors une silhouette horriblement familière, qu’elle semblait avoir connu toute sa vie. @Prudence Prince. Cependant, prise d’hallucinations confondues avec la réalité, le corps gracile de la Prince vint se confondre avec celui de Drusilla Potter, la reine mère.
Titubant telle une droguée vers la magicofleuriste, ne se souciant guère d’une @Edelgard Umbridge lui paraissant invisible, elle tira sans ménagement sur la robe de l’ancienne Poufsouffle.

« Maman… parvint-t-elle à articuler, encore essoufflée par sa course, aide-moi. »

Je n’ai plus mes putains de pouvoirs, entends-tu ?

5 septembre 1914

Contre Edelgard un frisson la parcoure, chaude, froide, Prudence est fièvreuse. Elle n'ose pas regarder les gens autour d'eux de peur de croiser un regard par mégarde : même empoisonnée elle reste horrifiée à l'idée d'être dehors, en présence d'Edelgard ou non. Quand soudain quelqu'un l'attrape et lui tire sur sa robe, Prudence fait volte face, le coeur qui s'emballe mais l'adrénaline face à la nausée lui donne seulement plus encore envie de vomir, le geste soudain n'aidant pas.

Lyrae Potter.
Qu'est-ce qu'elle faisait là ?

Maman… aide-moi. Maman ? Elle n'était pas sa mère. Elle était Prudence. Celle-ci est surprise, étonnée, elle ne comprend pas et son esprit empâté n'arrive pas à réagir.

Prudence regarde Lyrae, la respiration lourde, elle ne sait pas quoi lui dire et se contente de se rapprocher d'Edelgard dans l'espoir que Lyrae la lâche. L'impression que si elle ouvrait la bouche, elle rendrait ce qu'elle n'avait pas déjà vomi chez Nicolas. Elle n'a pas envie de faire face à Lyrae maintenant, c'était bien la dernière chose dont elle avait besoin. Le reste se passe vite -du moins, dans l'esprit de Prudence- puisque une minute elle est dans la queue au bras d'Edelgard et tout à coup, elle se retrouve assise à côté de Lyrae... sans Edelgard ! Déconnectée de la réalité pendant quelques minutes, elle cherche du regard Edelgard sans la trouver, dans le brouhaha ambiant ce qu'elle entend le plus c'est son propre coeur battant trop fort et sa propre respiration qui même assise semblait pleine d'effort.

Quand elle regarde Lyrae, la sorcière un instant n'a plus d'yeux.
Prudence se frotte les siens.
Lyrae la regarde.
Que lui arrivait-il maintenant ?

Où est Edelgard ? finit-elle par lui demander, avant de sentir la bile lui monter et d'inspirer longuement dans l'espoir de la faire redescendre.

Pas encore.

- DU POISON ! PARTOUT ! LONDRES TOUT ENTIER EN EST INFESTÉ !

Cette annonce retentit en un écho funeste entre les murs de la radio indépendante à transmission magique. Chacun s’immobilisa alors la gorge sèche, les yeux rivés vers le messager de mauvais augure qui n'était nul autre que le directeur. Un silence de mort accompagna ses quelques pas fébriles puis ce dernier s’écroula sur ses deux genoux en proie à un froid intérieur intense, qu'il combattait par quelques vaines frictions. Aussitôt Errol se précipita vers lui. Ses pensées tournoyaient follement dans son esprit.  Se pouvait-il que ? … Lui avait-on désobéi ? Qui ? Qui s’était permis ? Ses dents menaçaient de casser sous la crispation sévère exercée sur sa mâchoire. Un courroux d’une rare violence pour un homme de son tempérament, le submergea. Comment les Enfants avaient-pu oser une telle insanité, une telle ineptie ? Pour quelle raison ? Et de quelle manière s’y étaient-ils pris ? Néanmoins, pour l’heure, il ne pouvait s’attarder sur le flux de ces questionnements pourtant légitimes. Il força son patron à s’infléchir vers l’avant et pressa son estomac à l’aide de son pouce.

- Allez, mon vieux, essayez de vomir...

Le malheureux y parvint avec difficulté et ses lèvres n’essuyèrent que de la bile et de l’eau... Si Errol gardait en lui un précieux et déraisonnable espoir que son clan ne soit en rien lié à cette affaire, ce sentiment mourut aussitôt, tandis qu’une aigreur bien vivace naissait en son coeur. Il demeura un instant au sol, comme assommé par ce constat de duperie, mais s’obligea très rapidement à se ressaisir. De par son métier, il possédait encore un atout de taille. Il empoigna donc d’un geste vif sa baguette, s’isola dans la cabine dévolue au direct et par un sort alluma les ondes radio. Le bout de sa baguette positionné sur sa gorge lui conféra aussitôt toutes les vertus du microphone et, il débita ainsi la nouvelle.

« En ce début de soirée, nous apprenons que depuis quelques heures la capitale anglaise est victime d’un empoisonnement, dont nous ignorons malheureusement encore les causes et les conséquences. S’il ne faut pas céder à la panique, nous conseillons malgré tout à nos chers auditeurs londoniens de ne plus rien ingérer pour l’instant, ni nourriture, ni boisson, ni eau. Nous vous tiendrons informés dès que d’autres renseignements nous auront été communiqués. Restez à l’écoute et surtout restez vigilants. »  

Le message transmis, Errol posa soudain les yeux sur un grand verre d’eau situé en coin de bureau. Il l’avait rempli quelques minutes auparavant sans se douter de l'ampleur de la catastrophe. D’un trait, il le vida. Il lui fallait donner le change sur tout, dès à présent. Pour lui, pour ses proches, pour les fidèles et les moins fidèles des partisans de Morgane. Être l’égal de toutes ces innocentes personnes, victimes de son propre complot qui désormais lui échappait, représentait son unique solution de secours. Le mal par le mal, le poison par le poison.

Déterminé, il prit congés de ses collègues qui affolés courraient en tous sens dans les couloirs ou envoyaient des hiboux en quête de nouvelles, puis il enroula un des bras du directeur autour de son cou afin de le maintenir debout.

- Tenez bon, l'encouragea t-il, nous partons pour Ste Mangouste.

Sans plus attendre, l'animateur transplana en compagnie du malade. Lorsque tous deux parvinrent devant les lourdes portes de l’hôpital, il vacilla sous le poids de l’autre et sous celui plus insidieux de la première nausée.  Ses pouvoirs le quittaient-ils déjà ? ... Gênant le passage, on le bouscula sans états d'âme et c'est ainsi qu'il put apercevoir l'immense foule qui se pressait dans le hall. Péniblement, il aida son employeur à monter les escaliers et tous deux prirent place dans la file indienne. Ses yeux hagards et empreints de culpabilité balayèrent l’immense entrée à la recherche de visages connus.

- Petits cons, pesta t-il alors en un sifflement entre ses incisives. Mais qu'est ce que vous avez fait ?

Au cœur de la cohue, une main en visière, Errol soutint tant bien que mal le poids du directeur de la radio. En quête du personnel soignant dont il venait d’entendre les messages rassurants, il avança encore de quelques pas, scandant des encouragements à l’adresse du malade. En effet, l’animateur semblait avoir aperçu à sa gauche un médicomage et, désira donc se diriger vers ce salvateur à blouse blanche, Néanmoins, en raison de sa vision déjà troublée, il heurta tout à coup un groupe de personnes.

- Veuillez m’excuser.  

Ces malheureux sorciers dotés d’une mine bien pâle ne ripostèrent pas et acquiescèrent poliment à ses paroles. Repérant alors un mur où d’autres empoisonnés se tenaient assis en attente de soins, il y mena le pauvre hère en proie au délire. Lui-même s’octroya un moment de pause afin de reprendre son souffle et de combattre un second assaut de nausée. Il n’ignorait pas qu’un antidote avait été mis au point par les Enfants de Morgane, sa frustration en devenait par conséquent que plus grande. Cette mascarade qu’il s’obligeait à jouer par des moyens extrêmes, afin de ne pas apparaître parmi les suspects, lui pesait beaucoup. Il fallait coûte que coûte que sa famille ne soit pas inquiétée … Sa famille ? Un regain d’énergie, celui de la crainte, le conduisit aussitôt à se relever. Et si Orfeo, avare de nouvelles, se retrouvait victime de cet empoisonnement de masse ? Il arpentait le hall d’entrée et dévisageait tout jeune homme de l’âge de son fils, lorsqu’une belle femme à la chevelure ambrée s’adressa à lui, apparemment heureuse de faire sa connaissance. Courtois, il salua ainsi @Penelope Bones d’un mouvement de tête, ce qui eut pour effet de lui causer un vertige.

- Enchanté Miss. Vous êtes très aimable.

Oui, en vérité, elle l’était ! Ne venait-elle pas d’éponger son front en sueurs grâce à son mouchoir parfumé ? Cette senteur de roses raviva, un instant, ses sens.

- Merci beaucoup.  

Néanmoins, la demoiselle s’était déjà éloignée. Il reprit fiévreusement ses recherches, lui qui désirait plus que tout revoir son fils, réclamait des cieux le miracle de ne pas le croiser, ici, dans ces couloirs aseptisés. Après plusieurs minutes, se croyant exaucé, il rejoignit la file et une main s’appuya alors à lui. @Rylan Carrow se tenait à ses côtés, ou plus exactement à son bras, livide.  Elle réclamait des explications. Sa colère l’assaillit plus encore. Ainsi donc, la dissimulation de ses pairs s’étendait à d’autres Enfants ?  Pourquoi ? Comment avaient-ils osé ? Les conséquences s’annonçaient terribles à gérer.

- Non je ne sais rien, je ne sais fichtre rien, lui répondit-il à la fois désespéré et indigné. Ça ne devait pas se passer comme ça.  On avait prévu de … Rylan ? Tout va …  

Il n’eut pas le temps de poser sa question que la chercheuse en magizoologie vomissait sur ses chaussures.  Le nez retroussé de dégoût, il saisit sa baguette encore endormie dans les replis de sa cape. Un réflexe si commun pour un sorcier.

- Evanesco.

Evidemment, le sort resta bien inutile. Les yeux écarquillés, la dure réalité lui sauta soudain à la figure. Plus aucun pouvoir ne subsistait en elle, en lui.

- Raaaaaaaaaaaaaaah, enragea-t-il impuissant. Ce n’est pas possible ! Ce n'est pas possible !  

Il avisa Rylan quasiment accroupie à ses pieds et hurla à travers la foule.

- S’il vous plait, à l’aide ! Cette jeune fille ne se sent vraiment pas bien !

Certes, tous ici avaient besoin de secours, mais son instinct de chef, responsable de ses Enfants, l’avait fait hausser la voix, si grave, si empreinte d'autorité lorsqu'elle se durcissait, afin de se faire entendre.

Par un moulinet élégant de baguette, Pandora immobilisa l’éventail magique acquis chez Madame Guipure virevoltant à proximité de son visage finement maquillé. En ce début septembre, en particulier dans les bureaux de la gazette, l’atmosphère se faisait presque suffocante. Aux alentours, on se pressait pour boucler la fournée journalistique du jour. La jeune responsable du courrier du cœur frétillait également d’impatience, élancée sur des bottines à talons hauts du dernier chic sorcier. Sa robe de teinte vert impérial réhaussait sa chevelure de blé bouclée à l’anglaise qui cascadait sur une de ses épaules. Le mariage d’Astoria Potter et d’Antarès Black s’annonçait prolifique pour son prochain article, sa plume à papote en pirouettait d’aise au-dessus d’elle. Deux familles de sang pur des plus renommées allaient à nouveau s’unir par le oui de leurs enfants.  Le seul bémol à cette journée demeurait la présence de sa sœur @Phèdre Skeeter à ses côtés. Certes, cette dernière avait été également conviée par les futurs époux, mais une Skeeter, la plus appropriée en l’occurrence pour ces occasions-là, ne suffisait-elle pas ? Phèdre et son don pour la surveiller, de farfouiller à la recherche du moindre reproche à lui servir et ce jusque dans son propre domaine, l’agaçait au plus haut point.

Le regard fixé sur l’horloge magique de son office à la décoration rosée, la jeune femme fit claquer ses talons, très impatiente. Leur retard serait très certainement remarqué, il s’alourdissait de minutes en minutes. La cérémonie avait déjà dû parvenir à son terme. Contrariée à la fois par l’inconfort de la chaleur et par ce constat d’atermoiement imposé, Pandora se fit couler un verre d’eau qu’elle but d’une traite. Fort heureusement pour ses nerfs, un photographe magique, un de leurs employés, se trouvait sur les lieux du mariage afin de suivre l’évènement. Il lui ferait un rapport complet dès qu’elles arriveraient. Elle espérait cependant transplaner avant l’ouverture du bal… Mais qu’est ce qui pouvait bien retenir son aînée aussi longtemps ? Sa Une devait être terminée à cette heure. Pandora soupira, bailla, s’assit, se releva, arpenta encore et toujours l’étendue de la pièce, puis n’y tenant plus, s’engouffra dans le couloir qui menait à la rédaction.

A mi-chemin, alors qu’elle chantonnait et marchait d’un pas très décidé, soudainement ses jambes s’alourdirent et des fourmillements s’y engouffrèrent. Elle n’y prit pas garde et continua sa route. Quelques instants plus tard, sa vision se troubla à son tour, elle cligna des yeux et secoua vivement la tête comme pour chasser ce vertige. Peu après, la jeune journaliste pénétra dans l’antre de Phèdre.

- Dis, nous n’avions pas coché aujourd’hui comme un jour sans conflits ? C’est mal parti si tu continues à …

Sa phrase demeura en suspens, car elle venait de s’écrouler sur ses deux genoux, emportant dans sa chute, la nappe où reposaient quotidiens en masse et carafe d’eau. Une nausée terrible venait de lui tordre l’estomac. Elle tenta tant bien que mal de réparer les dommages et le verre brisé à l'aide de la magie, mais n'y réussit pas. Sans comprendre, tout lui parut encore plus vague, tant elle était fiévreuse. Des minutes ou peut-être un siècle s’écoula sans que Pandora n’en soit pleinement consciente. Seul, l’air extérieur lui fouetta tout à coup les joues. Elle redressa alors la tête et aperçut les lourdes portes de l'établissement hospitalier qu’elle avait côtoyé bien des fois, notamment pendant un séjour de plusieurs mois, le pire de son existence à ce jour.

- Qu’est ce que l’on fait ici ? Pourquoi tu m'as amenée à Sainte-Mangouste ? Je me porte à merveille.

Se voulant rassurante, elle sourit à sa sœur, si l’on pouvait appeler cela sourire, disons qu’elle émit son rictus habituel dès qu’il s’agissait d’elle.

- Tu n’auras pas ma part du gâteau, lui lança-t-elle ironique en faisant référence bien entendu à sa rubrique ainsi qu’à la pièce montée des mariés.

Presque aussitôt, la malheureuse fut secouée d’une nouvelle et dégoûtante remontée de bile.

- D’accord, je ne vais pas bien du tout.  

D’autant plus exigeante qu’à l’accoutumée, peu convaincue par la pertinence du chemin de fer et frustrée qu’on ne travaille pas au même rythme qu’elle l’aurait voulu, Phèdre avait passé son temps à reprendre ses collègues et les presser. Les dernières relectures et vérifications se devaient d’être plus assidues alors ses yeux parcouraient les mots attentivement tandis que sa baguette en main, elle s’occupait de relever les boucles de sa chevelure miel en un élégant chignon bas. Dans la pièce voisine de petites mains s’affairaient à classer des papiers, des articles, comme elle lui avait demandé mais elle avait vu le regard envieux de sa fille se poser sur la robe de soie bleue qu’elle avait emmené dans ses affaires cet après-midi et n’avait pu que poser une main compatissante sur sa tête. Un moindre réconfort, elle en était bien consciente mais qui ne pouvait la détourner de ses objectifs de la soirée. D’un point de vue journalistique, le mariage d’Antarès et d’Astoria s’avérait un événement particulièrement intéressant et la Gazette ne passerait pas à côté de l’occasion de dépeindre l’union de ces deux familles de sorciers de sang pur. Si sa plume était moins légitime que celle de @Pandora Skeeter , elle n’avait cependant aucune raison de décliner une telle invitation. Loin lui semblait le temps où elle aurait apprécié de se montrer à de telles célébrations, d’y écouter les murmures que le monde sorcier se plaisait à sussurer, remplacés par les responsabilités qui lui incombaient. De les avoir délaissés ne signifiait pas qu'elle n'éprouvait aucune jalousie à l'égard de la plus jeune des Skeeter ou qu'elle acceptât que cette dernière soit la seule représentant sa famille aux yeux de tous les autres sorciers. Elle insista sur sa venue, s'y tiendrait, même si elles devaient se faire désirer.

La Une de la Gazette terminée, il restait encore à Phèdre le soin de paraître présentable, de revêtir en toute discrétion d’autres couleurs pour cette fois, de troquer ses plumes classiques pour une plume d’apparat, glissée telle une épingle à cheveux. Elle attachait à son cou une parure quand elle entendit les bruits de bottines claquer sur le plancher des couloirs, avisant l’impatience de celle qui ne tarderait pas à franchir la porte du bureau. “Circé !” appela-t-elle mais l’enfant semblait ne pas avoir entendu ou faisait mine de bouder. En un dernier geste, elle fit s’incliner une plume à papotte sur un morceau vierge de papier et rédigea ses annotations avant de faire voler le dossier dans le bon casier juste avant que Pandora ne s’engouffre dans la pièce sans daigner s’annoncer.  “Dis, nous n’avions pas coché aujourd’hui comme un jour sans conflits ? C’est mal parti si tu continues à …” Elle lui tournait le dos mais elle aurait pu précisément deviner les traits de sa soeur où se peignait le début  de son agacement. " Parfaitement, alors pour l'amour de Merlin, ne me le fais pas regretter Pandora ! " s'exclama-t-elle mais se retournant et la voyant s'effondrer au sol, une inquiétude la saisit brusquement. Sentiment qui l'empêcha de fustiger la jeune femme devant le chaos qu'elle venait de provoquer. Des journaux éparpillés sur le sol et de l'eau par-dessus, ce n'était rien d'irréparable avec la magie mais rien ne se passa quand sa soeur essaya. Phèdre mit tout sur le compte du stress et de l'empressement et soupira "si tu n'es pas capable de marcher avec tes bottines, tu devrais en changer. Laisse, je vais ... Pandora ?". Elle avait à peine pris sa baguette en main que sa soeur ne répondait plus. Elle l'assit immédiatement contre un meuble, se précipitant pour prévenir Circé qu'elles devaient emmener tante Panda à Sainte-Mangouste. La porte entrouverte, elle trouva la fillette qui l'appelait faiblement, elle était si fièvreuse... Le cauchemar recommençait, encore une fois.

Transplaner ne fut pas une mince affaire mais Phèdre tenait fermement Circé contre elle d'un côté et soutenait Pandora de l'autre de toutes ses forces. Elles étaient devant les portes de l'établissement médical, en un seul morceau, juste le souffle un peu court. Entendre la voix d'habitude agaçante de la rédactrice du courrier du coeur, la soulagea brièvement tandis qu'elle posait des doigts froids sur le front de Circé qui s'accrochait à son bras avec force murmurant des maman que Phèdre espérait inaudibles pour les autres mais qui lui brisait le coeur. " Pour quelqu'un censé avoir l'imaginaire à sa plume, tu fais une piètre menteuse ! " Elle ne répondit pas à ce semblant de sourire, trop soucieuse de savoir comment elles seraient accueillies à l'hôpital, surtout concernant sa fille qu'elle ne pouvait présenter comme telle. Le hall était inondé de monde et patienter dans une queue interminable, sans soins immédiats, ne parvinrent à apaiser les tracas de la dénommée Skeeter. Ni les rumeurs qui les entouraient et qui en d'autres moments, lui auraient fourni des pistes de réflexions. "Tu n’auras pas ma part du gâteau." Référence à la cérémonie qu'elles allaient louper ou bien à leurs responsabilités à la Gazette, Phèdre n'aurait su juger mais avant qu'elle ne lui réponde, Pandora avoua se sentir réellement mal. Phèdre posa sa main sur son front et sortit sa baguette, en espérant que les nausées que sa soeur semblaient subir, ne resteraient que cela. " Accio bassine. " Circé s'était mise à frissonner, à trembler et on ne s'occuperait pas d'elle avant un moment. Tout ce vacarme autour d'elle, ces appels à l'aide de part et d'autres témoignaient du manque de personnel à leur disposition et bien qu'elle ait sa magie à disposition, elle n'avait aucune qualification ni idée de ce qu'il fallait faire." Tenez bon, respirez. " Elle s'esquiva quelques instants pour rejoindre l'accueil, demander ce qu'ils pouvaient faire pour aider les malades en attendant que les médicomages se libèrent.