Une baguette est une arme redoutable, mais une plume ne l'est pas moins ∴ Phèdre (délai 06/06)

23 avril 1884 L'histoire débute là pour le troisième enfant de la famille Skeeter, déjà dotée dès sa naissance d'une petite touffe de cheveux blonds. L'on célèbre son arrivée avec du Whisky Pur Feu et quelques mots pour annoncer la grande nouvelle : Phèdre Skeeter est née !
28 janvier 1888 L'incompréhension devant l'effervescence soudaine mais un sourire immense s'étend sur les lèvres de son père quant à l'arrivée de la petite dernière de la famille. Pandora Skeeter prend la place de benjamine ainsi que toute l'attention du moment.
23 avril 1891 Entre ses doigts, un trésor qu'elle n'ose étrenner. Le cadeau de son père lui est précieux, c'est son tout premier carnet à remplir et tous les sujets lui semblent soudainement exaltants à la fois puis banals l'instant d'après. Alors elle note tout ce qu'elle ne comprends pas, tout ce qui fait mystère au cours de son quotidien d'enfant. Des questions auxquelles elle tente d'acquérir des réponses ou des indices pour ériger des théories encore très fantaisistes.
1893 La porte est entrouverte et des pleurs discrets s'en échappent. Phèdre tente au mieux de consoler sa mère du haut de ses 9 ans.
Juin 1894 Le sommeil qui tarde à venir, les inquiétudes trop grandes pour son coeur d'enfant, lui souffle le voeu de s'échapper loin juste pour quelques heures. Et la magie se charge de lui fournir une échappatoire.
Septembre 1895. Après hésitation avec le rouge, le vert s'empare de sa garde robe tandis qu'elle est répartie à Serpentard, à Poudlard.
Janvier 1896 Nouveau terrain de jeu, nouveau carnet. Phèdre y encre des pages sur les élèves qui attirent son attention ou semblent moins ordinaires, et tentent de découvrir les dessous de leurs identités.
15 octobre 1897 Sous sa plume, la rubrique jeunesse de la Gazette auparavant entre les mains de sa cadette, prend une nouvelle forme et se réécrit. Elle s'en occupe durant ses vacances scolaires.
24 décembre 1898 En guise de trève, pour la période des fêtes, les deux plus jeunes Skeeter instaurent un calendrier de non-disputes et trèves.
Juillet 1899 Son insistance finit par faire ployer un de ses aînés et elle se renseigne ardemment sur ce qu'il faut faire pour devenir un Animagus. Las, se précipiter fait échouer le procédé et la reprise des cours l'interrompt dans son projet, la poussant à faire des recherches.
Juillet 1902 Diplôme en poche, elle se lance de nouveau dans son désir de réussi à devenir Animagus et profite de pouvoir travailler sur ses textes, afin de rester dans les parages le temps qu'il faudra attendre. Elle parvient finalement à son but.
Automne 1902 La Gazette se voit accusée de diffamation et la faute lui revient pour avoir osé écouter les informations donné par sa soeur. Les conséquences lourdes lui font perdre la confiance de son père et elle se voit reléguée à l'encart météo.
1903 Le temps de tirer un trait sur ses sentiments, de prendre une décision pour ne pas sombrer dans le scandale. Car dans plusieurs mois désormais, elle deviendra maman. Cette année, une petite Circé vient au monde.
Mars 1908 Elle passe quelques heures à Sainte-Mangouste sans en parler à sa famille. L'incident passe inaperçu et les séquelles sont invisibles.
Novembre 1908 Sa plume se fait anonyme le temps d'une simple missive.
13 Novembre 1912 L'insensé la heurte de plein fouet quand elle découvre que Pandora a tenté de mettre fin à ses jours. Reprenant temporairement le rôle de soeur, elle l'emmène d'urgence à Sainte-Mangouste, ne comprenant pas comme la benjamine des Skeeter pouvait sombrer ainsi.
Janvier 1914 Son coeur manque un battement quand elle prend connaissance de l'attaque de Loutry-Ste-Chaspoule. Inquiète pour sa fille, elle prend la dure décision d'en faire une esclave née-moldue dont elle se porte garante pour garder un oeil sur elle autan qu'elle le peut.
Février et Mars 1914 La révolution sorcière gronde mais la Gazette ne manque pas d'articles pour remplir ses rubriques. L'avidité des gens pour obtenir des informations leur profite. Suite à cette période, la famille Skeeter se déclare en faveur de Grindelwald.
Avril 1914 Ses efforts semblent enfin porter de nouveau leurs fruits, quasiment à sa date anniversaire. Phèdre gagne en responsabilité en devenant secrétaire de rédaction et chargée de Une. Bien décidée à profiter de cette place pour se faire entendre.

I. "Une soeur est un peu de l'enfance qui ne peut jamais être perdu."

Et alors, tout un monde s'écroule. Soudainement, elle n'est plus la petite dernière des Skeeter. On lui dérobe la place d'enfant choyée, fruit de toutes les attentions parentales et de la protection de ses aînés. Elle n'est pas prête à devenir une grande soeur mais tout le monde semble se réjouir de la nouvelle pourtant. On tente de l'impliquer. On joue la carte du mystère : est-ce qu'il s'agira d'une fille ou d'un garçon ? On recueille des avis et des préférences pour faire participer tout le monde. Phèdre est catégorique, ce sera un petit frère !  Pourtant, les jours suivants, l'on susurre que ce sera une fille.  Si les "n'es-tu pas contente à l'idée d'avoir une soeur ? " font foison dans l'entourage, elle commence à trouver qu'on fait beaucoup de bruit pour un bébé qui n'a pas encore pointé le bout de son nez. Elle ne veut pas en entendre parler constamment , ni s'entendre dire "pas maintenant, Phèdre".  Le temps où l'on s'impressionnait de sa curiosité passe soudainement au second plan, lui laissant l'amer goût d'être délaissée. Pourtant de l'attention elle en a, mais pour une enfant moins veut parfois dire pas assez et le changement la sort de cette bulle de confort qu'elle connaissait jusque là.
Pandora est petite, fragile. Pendant un instant, Phèdre en oublie ses insécurités, fascinée par la nouvelle née. Beaucoup moins par ses pleurs réguliers qui ont la faculté de rameuter toute la maisonnée autour du berceau. Maman est si épuisée, qu'elle a la tête ailleurs, oubliant les demandes de Phèdre. Les moments où elles dessinaient ensemble s'interrompent constamment, ponctués de pauses imprévues.  Avoir une soeur n'est pas aussi plaisant que ce qu'on lui a dépeint pour la rassurer.  On lui dit que ça viendra, quand elle grandira et qu'il faut attendre un peu mais le temps c'est long pour une enfant. De l'impatience, de l'incompréhension et un manque d'attention étaient ses souvenirs les plus réccurents de l'époque. Et cette photo aussi, qu'elle a dit avoir brûlé mais qu'elle a gardé et qu'elle a dissimulé, invisible dans le creux d'un de ses vieux carnets. Sur les genoux de Papa, Pandora sur les siens endormie après le repas du soir.
 
II. " Oh, je voudrais tant que tu te souviennes. Cette chanson était la tienne. "

Elles commençaient à s'effriter doucement les illusions de l'enfance, quand les sourires se firent façades et les soupirs ponctuations. Sur les pages griffonnées de mille pensées de ses carnets, certaines questions restaient vierges de réponses mais pleines de suppositions et quand elle évoquait le sujet, un léger malaise s'installait. Papa éludait les questions, prétendait qu'un véritable esprit journalistique sait trouver ce qu'il cherche sans qu'on lui fournisse d'explications.  Elle redoublait de volonté pour observer sans demander. Instinctivement, elle n'en parla pas avec ses frères et soeurs. Les feuilles d'automnes se ramassaient à la baguette mais la plume de Phèdre restait sur sa soif. Sa mère semblaient fâner comme une rose au même rythme que l'hiver se rapprochait, autant que la distance se creusa entre ses deux parents. Ses souvenirs n'oseraient la tromper : autrefois ses parents dormaient bien ensemble pourtant.  Désormais, ce détail était du passé.
La table était prête, le diner dans une marmite sur un feu éteinte mais personne n'était assis dans le salon.  Phèdre la chercha dans le jardin, sans résultat.  Elle se dirigea vers sa chambre mais s'arrêta devant l'une d'elle, entrouverte.  Celle de maman. D'habitude, la porte en  était précieusement fermée mais pas cette fois et en tendant l'oreille, Phèdre aurait juré entendre des sanglots. Les larmes qu'elle vit couler, une fois entrée, lui hurlèrent la sensation que quelque chose s'était brisé. Pas un mot ne répondit à la jeune fille, seulement un geste dans sa direction, replaçant une boucle blonde derrière son oreille. S'asseoir et lui chanter une chanson fut la seule chose qu'elle put faire pour apaiser ce coeur peiné du haut de ses neuf ans et comme elle ne sut la convaincre de bouger, elle l'embrassa doucement et sorti rassembler tout le monde pour aller manger.  Lui garder une père, retourner la voir et lui promettre qu'elle serait là pour s'aider sembla lui tirer un mince sourire. Mais si triste. S'il le faut alors, Phèdre aurait le sourire pour elles deux.

III. “Un rêve sans étoiles est un rêve oublié.”

Dans une famille de quatre enfants, avec une mère parfois mentalement absente, Phèdre oscillait en permanence. L'enfance qui s'éloignait à chaque jour que sa mère sombrait. Les détails qui désormais lui sautaient aux yeux dans un couple qui ne savait plus comment fonctionner ensemble. Les inquiétudes et l'envie de voir s'apaiser les tensions. L'insouciance énervante de sa jeune soeur qui vivait naïvement son enfance comme si de rien était. Elle, l'aîné qui récoltait les maux de sa mère, sans pouvoir les guérir.  Certains jours étaient plus légers quand d'autres se faisaient difficiles à porter.  Sa plume était son antidote, celle qui écoulait l'encre noire sur le papier, comme si elle absorbait ce qu'elle n'avait pas l'envie de garder. Confidente de papier, qui lui permettait de garder sourire en tout temps. Mais quand venait le soir et seule face à ses pensées, restaient des ombres mal gommées qui empêchaient ses paupières de se fermer.  Elle aurait aimé s'éloigner, juste ce soir, juste une heure ou deux. Juste pour se changer les idées et pour se nourrir de nouvelles pensées. Elle le voudrait. Si fort qu'elle vit une tâche se dessiner et se propager sur le plafond de sa chambre. Comme une fenêtre transparente laissant percevoir le ciel étoilé, elle resta un instant ébahie à le contempler. Puis elle sauta sur ses deux pieds et courut chercher son père, euphorique, mais quand il entra dans sa chambre,  il eut le temps de voir mais déjà la fenêtre disparaissait. Ils restèrent quelques instants ensemble, parlèrent soudainement magie et Phèdre sentit la fatigue la faire plonger.

IV. "Fighting physically is dumb, why not just find out their secrets and blackmail them ? "

S'éloigner doucement du quotidien familial, faire ses premiers pas sur le chemin de son apprentissage. Prendre le train et contempler par la fenêtre, l'horizon et son camaïeu de vert si apaisant, qui portait la promesse des débuts de l'indépendance et d'un brin de liberté. Une parenthèse avec la maison et un espace nouveau à découvrir, à explorer. De nouvelles connaissances à acquérir et des visages avec tant d'histoires à conter ou à tenter de taire.  De quoi nourrir ses mots de mille trouvailles. La sorcière se prit à rêver, laissa glisser ses doigts sur la reliure de cuir qu'elle tenait entre ses mains. L'aventure entre les murs de Poudlard, celle qui l'attendait, se rapprochait quand ses souliers résonnèrent en choeur sur les dalles de pierres du château puis se stoppèrent devant une grande porte. Un soupçon d'impatience l'électrisa, la répartition n'était qu'à quelques enjambées. Sous la voûte enchantée de la Grande Salle, elle s'était avancée d'un pas confiant parmi tous les autres. Entendre son prénom marquait véritablement sa présence, son existence. Du courage, Phèdre en possédait assez pour être une lionne convaincante mais c'était certainement son ambition qui avait persuadé de faire pencher la balance en faveur des serpents.

Nul ne l'enchantait autant que le calme des cachots et le clapotis hypnotisant de l'eau contre les parois quand elle voulait se saisir de sa plume. Si apprendre à voler sur un balai avait été un vrai fiasco pour la jolie blonde et les potions, une matière aux notes irrégulières malgré son acharnement, elle avait trouvé les sortilèges bien plus à portée de ses moyens. Peut-être parce que son élocution était bien maîtrisée et le geste correcte. Poudllard lui offrait l'occasion de faire valoir des talents au-delà des membres de sa famille et elle prenait grand plaisir avec les années à aider ceux qui avaient des difficultés, ce qui était moins vrai dans le sens inverse.
Dans les couloirs de l'école, Phèdre Skeeter était la fille au carnet dont elle ne se séparait quasiment jamais et ses poches de robe contenaient toujours au moins trois plumes, histoire de ne jamais se retrouver en mauvaise posture.  De la bibliothèque, elle avait écumé tous les livres qu'elle pouvait pour apprendre à encrypter ses propos par un sort mais n'avait pas trouvé de quoi se satisfaire. Elle avait longuement insisté auprès d'un professeur pour obtenir une solution et s'y entraîner, avec acharnement. Ainsi, elle était certaine que les plus curieux de ses camarades ne viendraient pas fouiller aisément ses affaires. Parce qu'elle consignait des secrets, des histoires ébauchées mais le loisir d'en publier le contenu n'appartenait qu'à elle. Des interviews des préfets et préfètes aux petits ragots entendus en tendant l'oreille, elle transcrivait de tout. Quand elle avait une cible en tête, elle prenait un malin plaisir à s'informer auprès de toutes et tous sur l'objet de sa plume bien souvent sans passer par l'intéressé en premier, à observer aussi de ses propres yeux pour se faire une idée. Une impression  pouvait guider une plume, puis se concrétiser.  Mais qui se permettait de mettre son nez dans ses affaires, devait s'attendre à voir une rumeur ou bien ses secrets engagés. De fait, elle ne se faisait pas que des amitiés et malgré cela, elle s'était bien intégrée durant ces sept années.

Une douce parenthèse, l'autorisation tacite d'être temporairement insouciante et innocente sans totalement y parvenir. Les nuits magiques dans la tour d'astronomie à contempler les constellations d'étoiles. Des cartes du ciel, Phèdre en avait beaucoup dessinées, trouvant l'exercice plus que délassant. Un plaisir comme le chant, qu'elle gardait souvent pour son propre plaisir, en sourdine. Poudlard, c'était un peu plus de temps pour s'affirmer vraiment.

V. "Il est normal de s'approprier une oeuvre [...]. C'est de cette façon qu'elle continue à vivre après avoir quitté son auteur."

Jamais de chances pareilles à son égard, jamais une considération si grande pour les efforts qu'elle se donnait. Quelque chose se tordit dans son estomac, lui fit mordre sa langue quand on accorda tant d'attentions à la parole de sa cadette. Une occasion qu'elle n'avait pas eu, en tant qu'aîné pourtant. Était-ce là le défaut d'avoir porté son attention à l'écoute plus qu'à l'écrit au sein de sa propre famille ? De s'être fait confidente de bien des malheurs, qu'on envisageât moins ses dires ? Ce n'était pas faute toutefois d'avoir encrer de nombreuses pages depuis des années. Ce privilège offert à Pandora, cette rubrique lui laissa un goût amer tandis qu'elle faisait de son mieux durant chacune de ses vacances scolaires pour soutenir les écrits de la Gazette. Second regard se penchant sur l'orthographe de ses pairs, griffonnant des annotations sur des papiers volants à l'intention de son père. Tout pour se rendre utile, mais sans se faire violence jusqu'alors. Jusqu'à ce qu'ils en parle, de vive voix, dans ce bureau, que les mots échappent à Phèdre sur ô combien Pandora est fort dotée d'imagination mais ô combien sa maturité est encore trébuchante. Comme c'est injuste de privilégier également la plus jeune d'entre tous et de ne point offrir de chances à celle qui aurait dû en avoir une, dans l'ordre des choses. On spoliait son héritage de plume. Peut-être d'ouïr de sa fille de telles déclarations le fit changer d'avis, au détriment de sa soeur. Elle aurait voulu son propre terrain d'expérience, au lieu de quoi elle hérita de la rubrique de sa benjamine. Une part d'elle s'en réjouissait néanmoins mais s'octroyer cette rubrique jeunesse nécessitait des modifications si elle devait en tenir les rennes. Sans quoi tout cela ne lui correspondrait pas réellement.  Par conséquent, elle se consacra à ce travail qu'elle avait voulu, qu'elle avait obtenu et donc qu'elle se devait de mériter plus encore en y passant ses vacances scolaires. Ceux qui se contentaient de muser sans rien espérer de plus de leurs repos ne savaient guère voir l'avenir se profiler.  Mais si Phèdre avait gagné une place journalistique, elle creusait davantage les dissensions entre soeurs. Et ses aspirations, son ardeur à gagner en sollicitude, l'empêchait de faire un quelconque pas vers sa cadette.Peut-être une pause, pour les grandes occasions. Guère plus. De toute façon, tout ces écrits restaient entre les mains de la famille. Phèdre n'y voyait pas tant de mal.

VI. “Pour chacun de nous existent de multiples chemins, de multiples possibilités, celles de la naissance, de la transformation, du retour.”

Phèdre l'avait tanné à maintes reprises toute l'année durant, sans jamais s'épuiser, persuadée qu'il finirait bien par lui céder un jour ou l'autre. Elle avait beau être encore suffisamment jeune pour attendre avant de s'y mettre, elle ne démordait pas de son obsession et souhaitait sa compagnie, et nulle autre, pour obtenir des conseils. Dans le cadre de la famille, il était sans doute, le plus patient d'entre eux et le mieux placé également. Elle avait une confiance totale en sa personne. Elle l'écouterait, c'était certain même si son empressement se lisait dans la nervosité de ses gestes. Elle voulait, fortement, sans possibilité qu'elle n'y parvienne jamais, toucher à son but. Devenir, comme tant de Skeeters, une Animagus. Se modeler, faire partie d'une lignée d'Animagi. La famille était douée dans ce domaine alors, elle se devait à son tour de réussir. De prouver qu'elle valait bien sa place au coeur des siens. C'était important, surtout pour elle-même avant tout. Garder une feuille tout un mois durant dénotait une sensation particulièrement désagréable mais faisable qu'elle avait enduré sans rechigner. Malgré les gentilles plaisanteries que se permettait son "tuteur", elle avait tenu bon sans problème. Puis tout s'était compliquée quand la scolarité se devait de reprendre son cours et que l'orage n'était pas encore survenu, faisant échouer le processus quand elle tenta d'emporter la fiole. Pourtant, son frère l'avait bien  prévenu, lui avait dit qu'attendre serait plus fructueux mais elle n'avait pas écouté. Une fois une idée en tête pour Phèdre, l'en déloger était loin d'être une mince affaire. Elle avait reprit le Poudlard Express avec un cuisant sentiment d'échec et d'inachevé alors que cette année-ci Pandora faisait son entrée en première année.

L'insoutenable attente, celle de la fin des études pour pouvoir de nouveau, tenté la transformation. Cette fois, elle est prête, plus encore que pour les examens de fin d'année. Rien ne la détournera de la décision et de l'accomplissement de sa mission. Elle n'attend pas vraiment l'approbation avant de remettre la mandragore dans  sa  bouche. Vient ensuite la préparation méticuleuse, davantage que la première fois. De nouveau, le temps qui défile interminable, qui semble ralentir, narguant la sorcière qui a tant lu de livres pour bien s'y préparer mentalement. Promesse d'être présent à ses côtés, maintenant qu'elle est prête. L'incantation est dite, répétée tant de fois qu'elle n'ose les compter. Redouble alors les battements de coeur.  L'éternité pour se métamorphoser, et soudain quand elle s'y attend le moins, l'orage. La fiole est là, attendant son heure, couleur sang et prête à l'emploi.  Il ne reste plus qu'à pointer l'arme sur son coeur, se tenir prêt à s'ensorceler de ces mêmes mots itérés. Un pic lui fait lâcher la fiole, qui se brise en tombant. S'accélère le coeur, pointe la souffrance et un soupçon d'inquiétude réprimée. Des ailes, elle perçoit de fines membranes. Son coeur bat trop vite... puis ça s'estompe, et elle virevolte, oublie un instant tout. Heureusement, il est là. Il la rappelle à l'ordre, la guide pour se retransformer mais elle doit s'y reprendre de nombreuses fois pour visualiser sa forme humaine. La fierté de la réussite, le sourire complice de son frère. Un exploit personnel !

VII. “Tomber est permis ; se relever est ordonné.”

Le poison qui lentement se glisse dans les veines, vous paralysent soudainement et vous fait perdre contenance. Celui qui vous arrache une sueur froide quand se répercutent les différents échos. Des millions d'aiguilles qui se fichent sous la peau. Inexplicable sentiment de trahison qui se dessine dans son esprit, le cheminement de l'idée et quelque part l'incompréhension. Parce que l'ampleur est bien trop grande, pour une simple question de vengeance. Phèdre voit rouge, d'avoir céder sa confiance ne serait-ce qu'une fois, d'avoir osé croire sans chercher à vérifier l'information. Un si gros titre, implicant des personnes connues dans le monde sorcier... On ne l'y reprendrait pas c'était certain. Le sermon implacable de son père et les conséquences impensables pour la Gazette, un périodique lu par la majorité des sorciers. On ne pouvait se permettre pareille diffamation sans preuves ! Comment avait-elle pu accuser le Ministère de la Magie, dans ses hautes sphères, de détourner des gallions ? Le scandale avait aussitôt éclaté. On hurlait qu'on désirait des noms, qu'on exigeait des explications. L'affaire aurait pris une ampleur monstre en un seul jour, en quelques heures et revenir sur de tels mots... coûta tant à la Gazette que Phèdre eût bien du mal à croiser le regard plus que déçu de son père. Comme elle en voulait à Pandora de les mettre ainsi en porte à faux. Combien de fois elles s'étaient tiré dans les jambes mais jamais avec tant de dégâts collatéraux. Un erratum fut publié en première page et un temps, les ventes chutèrent par sa faute. Elle se retrouva reléguée à un moindre poste, sans grande incidence possible dans le journal. Elle avait dû personnellement rédiger une lettre d'excuses en son nom adressé aux victimes de son inexpérience, de son manque de responsabilité. Jamais honte ne l'avait ant submergé et pareille perfidie laissa une rancoeur particulière dans son âme. Tant d'efforts mis à mal, gâchés par une soeur. Phèdre ne baisserait pas les bras, ce n'était pas son genre mais la fissure était bien là.

VIII. " Si la rencontre est un hasard, la rupture est toujours une nécessité."

L'on s'habituait aisément aux tempêtes adolescentes qui rythmaient Poudlard, aux rencontres qui s'entrechoquaient et nourrissaient le quotidien des élèves. Soudainement, le calme revenu avait des allures de vide, presque d'ennui. Le quotidien en dehors des murs de l'école, qui promettait une belle aventure s'était brusquement transformé en routine sans surprises, qui ne lui convenait pas le moins du monde. Redescendre l'échelle qu'elle avait pris soin de gravir marche après marche durant ces dernières années pour finir par en dégringoler d'une traite, laissait une grande marque. Il faudrait de nouveau, recommencer à grimper. Lentement. Alors quand la vie esquissait un tournant inattendu, ramenait une part du passé au goût du jour, le hasard avait subitement une allure de distraction.  Plus exactement les mêmes mais avec des souvenirs communs. S'engouffrer au coeur d'une histoire  avec Kieran comme pour aspirer une violente bouffée d'air frais, la taire  pour la préserver. Et le temps s'égrenait sur un moment qui prenait de la longueur et de l'importance. Les années à collecter les secrets de ses camarades d'école lui parurent étrangement distantes. Si les siens ne pesaient pas dans la balance autrefois, ils prenaient de l'ampleur désormais mais le risque en valait encore le coup.

Les inquiétudes commencèrent à la guetter quand elle compris qu'elle était tombée enceinte, que cet enfant changeait la donne et imposait une fin à cette période d'illusion. Elle n'était qu'une solution de repli et ce bébé n'avait pas de légitimité. Déjà mille scénarios fourmillaient dans l'esprit de Phèdre en quête de solutions mais aucun n'aboutissait à une fin plaisante à son goût. Prise de court par le temps arrondissant les courbes de son corps, elle prit la décision de mettre un terme à cette histoire. Non sans heurts, non sans contrecoups. De toutes les fois où elle avait conservé un sourire, cette fois, c'était bien trop d'émotions d'un coup. Il ne fallait pas y mêler le coeur !
Pour couvrir la supercherie aux yeux de sa famille, aux yeux des curieux, elle avait prétexté vouloir s'exiler quelques temps dans une résidence secondaire des Skeeter, à Loutry-Sainte-Chaspoule. Le désir de renouer avec sa muse, d'éprouver sa plume. Elle promettait qu'elle continuerait de correspondre ses obligations par hibou. Toute personne qui écrit sait que les inspirations fluctuent et qu'il est un besoin de se reconnecter avec ses motivations. Son père approuva l'idée facilement. S'exiler fut un soulagement temporaire pour la future mère. Elle le savait, elle ne pouvait pas garder ce secret pour elle seule alors, c'est vers sa mère qu'elle se tourna, et vers sa soeur. L'une pour savoir que faire le moment venu, l'autre pour lui tenir la main. Pas un mot pour le patriarche. Ni le moindre jugement qui se glisse sur leurs lèvres, simplement le soutien des femmes d'une même famille. Tout reposerait sur le fait que les femmes de la famille Skeeter garderait le secret de cette naissance, qu'aucune n'irait trahir l'existence de Circé. Seule sa mère, Pandora et la cousine qui lui rendait visite serait au courant. Un cercle de confiance restreint. Ses yeux fatigués se posèrent sur la petite fille qui venait de naître. Le prénom s'imposa de lui-même dans son esprit, telle une évidence. Elle s'appellerait Circé. Et ce petit oisillon venait de devenir un des maillons importants de son existence.

IX. "Même quand la blessure guérit, la cicatrice demeure."

Si elle n'avait eu une partie de sa famille pour veiller sur Circé, les choses auraient sans doute été bien plus compliquées pour Phèdre. Heureusement malgré leurs désaccords toujours aussi virulents, elle pouvait cependant compter sur Pandora dans son rôle de marraine et tante. Un matin, Circé l'avait appelé Panda et même si Phèdre avait essayé de corriger la diction de l'enfant, elle s'amusait désormais à l'appeler ainsi chaque fois que la fillette n'était pas dans les parages. C'était avoir comme deux boulots que de s'occuper d'une enfant et de faire de son mieux pour redorer son blason au sein de la Gazette. Soutenir son père aussi, était un poids supplémentaire mais normal. La vie ne lui laissait plus guère le temps de s'attarder sur les détails, bien qu'il arrive que des remords la saisissent. Surtout devant les questions de sa fille. Elle aurait presque soupçonner quelqu'un d'aiguiller les interrogations de la petite mais c'était ridicule.

L'empressement  de rentrer chez soi, l'heure tardive aux cadrans. Se faufiler dans les ruelles sorcières de la ville, prendre des raccourcis qui la menaient dans les coins moins biens fréquentés. Aucune préoccupation, la démarche toujours fière et le regard fixé sur sa future destination. La femme n'habitait plus très loin et elle lui avait promis de lui apporter un journal et deux livres. Ce n'était que politesse envers celle qui passait les saluer régulièrement à la Gazette. Phèdre aurait pu faire un colis et l'envoyer avec une chouette mais c'était trop impersonnel et un signe de flemmardise. Couper par les rues qu'elle prenait n'était pas la meilleure des idées qu'elle ait eu. Il était tard, elle était seule et même le monde sorcier abritait son lot de misères. Qu'on lui barre la route ne lui plaisait guère, qu'on la menace d'une baguette encore moins. Le temps qu'elle s'empare de son arme, la baguette et non la plume, un sort richocha dangereusement atteignant son bras libre mais elle parvint quand même à se défendre et s'ouvrir un passage pour fuir la rue malfamée. La douleur irradiait comme de l'acide parcourant ses veines, augmentant en intensité tant et si bien qu'elle dû se rendre à Sainte-Mangouste. Envoyer un hibou maintenant serait compliqué mais ce n'était pas la première fois qu'elle rentrerait vraiment tard. Elle se rattraperait par la suite.  Les médicomages parvient à résorber l'étendue du sort mais ils étaient catégorique. On ne peut pas toujours effacer tous les dégâts que causent la magie. Elle n'avait rien ressenti aux stimuli sur une parti de son bras gauche. Comme si certains nerfs avaient été lésés par l'attaque. L'avant-bras était intact et la blessure, invisible, lui permettait de taire l'incident. Tant que ça ne l'handicapait pas, elle ne voyait pas l'intérêt d'évoquer le sujet. Ce serait inquiéter les autres pour rien. Elle pouvait gérer ça elle-même. Et puis, il existait une chance, infime, que ce soit temporaire.

X. “Une lettre c'est magnifique et précieux comme un morceau d'âme.”

"Chère Juliet" avait-elle commencé. Et pourquoi donc Juliet, pourquoi ce nom de plume ? Phèdre en était curieuse d'en connaître le choix. Elle voulait comprendre les raisons qu'avaient sa soeur de ne pas user de son prénom et se mettre en avant, alors qu'elle en avait l'occasion à l'instant. Elle doutait que ce ne soit en raison du mythe de Pandore et comptait bien résoudre l'énigme tôt ou tard. Plume en l'air, elle avait longuement hésité à écrire cette lettre mais quand les mots entre elles deux se faisaient difficile, parfois le plus simple était encore d'avoir un semblant de réponse même s'il était destiné à une anonyme. "Il n'est pas toujours simple de trouver les mots pour parler avec les personnes qui nous entourent. " Être proche et être si éloignée était l'une des délicieuses contradictions de leurs quotidiens. " Une soeur ne devrait-elle pas être une confidente plutôt qu'une inconnue de papier ? Las, nous ne nous entendons guère assez pour que s'ouvrent nos coeurs. Alors, Juliet, c'est à toi que je narre  ceci  " et l'hésitation releva la pointe. Elle trempa de nouveau celle-ci dans l'encrier et reprit son récit. Comme c'était le courrier du coeur, des amours et non d'ententes entre soeurs, elle s'épancha très vaguement sur ses sentiments passés, sur les ruptures qui ne se terminent pas vraiment en de bons termes. Parce qu'en parler entre filles, entre soeurs, n'avait jamais été une option. Elle terminait  sur des questionnements d'ordre moral. "Penses-tu que les choix que nous dictent la raison valent mieux que ceux du coeur ? Entre les deux, qu'aurais-tu choisi ? " Elle avait pris le temps de transformer sa manière d'écrire, ainsi elle ne signa pas. Laissant la lettre anonyme se faire un chemin sur le bureau de sa petite soeur.

XI. “Le suicide. Une vendetta contre le coeur et ses lâchetés, une sorte de massacre de la Saint-Valentin.”

L'impensable sous ses yeux, Phèdre sentit ses certitudes s'ébranler soudainement devant le spectacle de sa soeur. Là sur ce lit d'hôpital, elle avait l'air plus frêle que jamais. Le mot trouvé à ses côtés, se trouvait froissés entre les doigts de la blonde assise à son chevet. Un tentative de mettre un terme à ses jours, que personne n'aurait su voir venir. Une ombre s'étendait sur le visage de l'aînée, et la colère lui faisait serrer les dents. Se dressait soudainement un mur d'incompréhension dans son esprit, elle n'imaginait pas qu'importe le problème, d'en venir à de telles extrêmité. Quelque part, lui venait une rancoeur. Pourquoi ? C'était tout le mystère qui la tourmentait. Pandora avait osé baisser les bras, abandonné sa vie et tout ce qu'elle contenait. Comme si plus rien n'avait de valeurs : ni ses amis, ni sa famille, ni ses loisirs. Pas même l'envie de voir grandir sa nièce. Aussitôt, Phèdre avait prévenu le reste de sa famille. Elle se renseignait fréquemment auprès des soignants de l'état de santé de sa cadette et attendait patiemment que cette dernière ouvre les paupières. Elle savait que le soulagement serait de courte durée, qu'elle se sentirait gagné par l'emportement. Si elle ne pouvait actuellement lui en vouloir, elle avait déjà des reproches qui s'accumulaient dans un coin de sa tête mais l'arrivée de membres de la famille à Sainte-Mangouste calma son humeur. Elle se hâta de les rassurer au mieux, le danger était passé.

Le séjour interrogea nombres de personnes, si bien que la famille se décida à trouver une excuse plutôt qu'avouer que la benjamine des Skeeter avait sombré au point d'attenter à sa vie. Une maladie passerait mieux. Tout le monde s'inquiétait des jours à venir, même si on parlait de guérison, rien ne garantissait que les rechutes soient impossibles. Il valait mieux veiller sur Pandora en permanence et éviter de l'impliquer trop frontalement dans la Gazette. Pour son bien. On ne pouvait confier trop de responsabilités à quelqu'un qui n'avait pas les épaules pour les porter. Si sa soeur s'effondrait, ce serait une nouvelle catastrophe pour la famille autant que pour la Gazette. Oui, Phèdre profitait sans doute grandement de l'opportunité d'écarter un peu plus sa soeur dans le cadre du travail. Cependant, elle trouvait légitime de remettre en cause la stabilité de Pandora suite à cela.

XII. “L’enfant pèse d’abord sur les bras des parents et plus tard sur leur coeur.”

Son coeur ne fit qu'un bond mais elle crut que ses jambes allaient la lâcher brusquement quand elle se rendit à Loutry cette nuit là. Très tard, trop tard d'ailleurs, elle était arrivée dans le village. Que s'était-il passé, elle n'en savait encore rien mais ce qui importait n'était que de trouver sa fille. La résidence secondaire avait été fracturée, les dégâts considérables. Phèdre s'époumona. Circé était avec un membre de la famille, une cousine. Entre de bonnes mains à la base. Pas un bruit ne répondit à ses angoisses et pas de traces d'elles dans la maison. Dans le village, le calme règne à une heure si tardive. L'angoisse commença à la submerger et sa respiration lui fit défaut. Les mauvaises langues disaient que Phèdre n'avait de coeur que pour la Gazette mais c'était faux. Elle aurait choisi mille fois d'être là avec Circé ce jour-ci plutôt que dans les bureaux du périodique mais qui aurait pu pensé que cet endroit particulièrement paisible pourrait devenir le théâtre d'une pareille angoisse maternelle. Elle les chercha sans relâche et finit par les trouver, réfugiées dans une maison du voisinage. Sa cousine abaissa sa baguette quand elle reconnut le visage familier mais Phèdre constata qu'elle saignait et semblait maintenir son épaule. Circé se précipita sur sa mère dès qu'elle la vit, éclatant en sanglots que Phèdre tenta de cajoler de son mieux en caressant sa tête. Elle l'écarta cependant le temps d'aller prodiguer quelques soins à sa cousine qui s'en sortirait sans problèmes et lui demander ce qui s'était passé. Quelqu'un était entré par effraction, pensant trouver la maison vide. Avec tout le fracas, elles s'étaient réveillées. Le temps de dire à Circé de ne pas bouger, de se cacher pendant qu'elle irait avait laissé l'occasion de faire des dégâts dans la maison. La présence avait surpris l'intrus qui avait attaqué aussitôt avant de fuir. Et quelques jours plus tard, il y avait de quoi faire les gros titres avec ce village avec l'attaque sur la famille Zabini. Elles ne traîneraient pas dans les parages une journée de plus et Phèdre se promit qu'elle ne laisserait plus sa fille si loin d'elle, même avec quelqu'un pour veiller sur elle. Elle voulait pouvoir être à proximité au moindre problème, ne pas être handicapée par la distance. Circé avait besoin d'être avec sa mère. Les cauchemars des jours qui suivirent furent compliqués à surmonter. Phèdre n'avait jamais eu besoin de congés auparavant et n'aimait pas prendre du temps pour se reposer de son travail, mais il fallait qu'elle soit présente pour son enfant. Aussi, elle choisit un compromis : celui de réduire ses heures pendant quelques temps et accorder le reste à sa fille. Si cela jouait en sa défaveur alors elle triplerait ses efforts par la suite.

XIII. “Tout est changement, non pour ne plus être mais pour devenir ce qui n'est pas encore.”

1914 enchaîna avec la révolution sorcière et l'arrivée de Grindelwald au pouvoir. Discours sur la pureté du sang, la période était propice aux articles et Phèdre se permettait de donner un coup de mains à qui le demandait, comme bien souvent. Le temps qu'elle consacrait à son encart était bien moindre en comparaison avec ses relectures ou bien son soutien auprès des membres de la famille. Rester en arrière-plan n'était pas son fort mais elle envisageait guère de faire moins. Elle ne fournissait plus d'informations qu'elle n'eut vérifiée mais elle était toujours volontaire pour aider à l'écriture ou toute autre tâche. Si bien qu'à force de travail, presque comme pour marquer le coup de son anniversaire, elle fut nommée secrétaire de rédaction et chargée de Une. Un poste qui lui convenait parfaitement, qui lui offrait à nouveau la confiance de son père ainsi que des responsabilités, telles qu'elle l'avait toujours désiré. Avec le changement, toute la famille Skeeter se rangea officiellement du côté du mage Grindelwald. Phèdre suivit le mouvement. Sa seule inquiétude se trouvait auprès de son enfant. Elle n'était pas déclarée, était une enfant illégitime et elle avait peur d'un jour en être séparée. Si un jour son père apprenait son existence, s'il faisait le rapprochement entre la fin de leur relation coïncidant avec l'âge de la fillette, elle craignait qu'il ne cherche à la prendre sous son aile. Qu'il la reconnaisse et ne l'éloigne d'elle. Qu'elle devienne une Goyle, qu'elle soit élevée dans un état d'esprit... qui donnait des frissons à Phèdre. Elle ne voulait pas de ça pour sa fille. Si bien qu'elle en vint à imaginer l'impensable, dans le but de la protéger de ses origines paternelles. Elle pourrait garder un oeil sur elle si Phèdre déclarait que Circé était une née-moldue et qu'elle la prenait pour esclave. Elle lui en avait parlé, avait amoindri les mots, rassuré les craintes de l'enfant. Mais jusqu'à quand pouvait durer cette mascarade ?  Les curiosités qu'elle souhaitaient tant épargner à son père allaient-elles éclater au grand jour bientôt ou dans un lointain avenir ? Seraient-elles pires ou moindres que son appréhension personnelle ?

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