Cormac ~ Comes before the fall

« Et tu dira à ton connard de frère que la prochaine fois qu'il me vise la tête, je ferai la même à la tienne ! »

Cormac était sonné, et n'était pas sûr de bien entendre ce que le 7ème année d'une autre maison lui disait. Cependant, il entendait suffisamment pour percevoir les quelques rires, le ton désobligeant des autres adolescents. Les mots ne portaient pas, mais intonation faisait le reste. Alors que le jeune sorcier tentait de regagner de la contenance, le sang de sa lèvre fendue gouttant sur sa cravate d'or au fond azur, son opposant sortit sa baguette, prononçât un sort inintelligible, et les pieds de Cormac se dérobèrent. Ses articulations n'étaient à présent plus en mesure de porter le frêle poids de son corps, et il fit de son mieux pour s'accrocher à la cuvette, pour ne pas choir complètement au sol carrelé. Une fois ses assaillants partis, il crachât un mélange de sang et de salive.

« Bande d'immondes bâtards... j'espère que Cahir vous ratera pas, la prochaine fois. »

Réussissant peu à peu à se relever, il put s'assoir, addosé à la faïence humide et glacée. Son frère, dans l'équipe de Quidditch de Serpentard, avait un jeu plutôt musclé dans les matchs. Même s'il se faisait un plaisir de le démontrer et parfois même de le lui faire goûter, à l'occasion au manoir, depuis son arrivée à Poudlard et sa répartition à Serdaigle, Cormac s'était attiré les foudres de tous les sorciers et sorcières que Cahir avait pu se mettre à dos. Et un sorcier de douze ans ne rivalisait pas avec une bande de quatre sorciers accomplis avides de faire passer un message. C'était cependant bien mal connaître la famille Gaunt. Cahir, pas plus que Thésée ou les autres, ne feraient la moindre concession. L'aider, peut-être. Le venger, sûrement. Apprendre de cette mésaventure, absolument pas.  Dans les injonctions familiales qu'on leur martelait depuis leur tendre enfance, la mansuétude et la grâce ne faisaient pas partie des enseignements dispensés.

Alors que le jeune Serdaigle patientait, attendant peu à peu que le sort prenne fin et qu'il puisse à nouveau une posture plus digne, un fantôme apparut à travers le sol, l'air éternellement blasé. Cormarc regardât l'empreinte mortuaire s'élever au sol, avant que celui-ci ne lui adresse la parole.

« Eh bien, jeune élève... je présume qu'un peu d'aide ne serai pas de refus ? Je vais aller prévenir un professeur, cela ne devrait pas être long. »

Avant que Cormac n'ait le temps de protester, le fantôme poursuivit sa lancée sans force, passant à travers un miroir, laissant entre-phaser un étrange reflet à sa surface.

« Je n'ai pas besoin d'aide... j'ai besoin de grandir. Et de rappeler que les Gaunt ne sont pas des agneaux. Ils verront... »

« Oh, eh bien, à plus tard Cormac ! »
« À plus tard, oui. »

Le jeune sorcier s’avançât vers le miroir, se passant une main dans les cheveux, les repositionnant comme à l’accoutumée. Le bruit d’une porte à battant lourd se refermant résonnât. Il était seul. Attrapant la faïence fraiche et immaculée, il soupira. Il n’aurait pas dû faire ça. Échangeant un rapide regard avec lui-même, il se trouvât cependant plutôt soulagé, plus qu’avant dans sa journée. La période d’examen avait raison d’une bonne partie de son endurance, et les quelques repas sautés avaient légèrement émacié son visage, dont ses quelques doigts sur la joue lui confirmèrent qu’il n’avait pas été rasé depuis au moins quelques jours. Les études supérieures n’étaient pas de tout repos, et être dans les meilleurs des meilleurs encore moins.

Si Cormac s’était donné l’objectif d’exceller dans ses recherches, et particulièrement dans les potions, pour pouvoir prétendre à devenir un potionniste émérite, il avait cependant bien du chemin devant lui, encore. Au final, toute sa scolarité studieuse, tout ce temps passé derrière les fourneaux, à farfouiller les tiroirs et les armoires pour trouver les bons ingrédients, les grimoires annotés et fichés qui s’empilaient dans sa chambre tels de petites tours... tout cela payait, tout cela pour arriver à cette ultime série d’examens. Peut-être un tournant dans son histoire, peut-être l'occasion de se distinguer du reste des Gaunt. À l’exception peut-être de son cousin Thésée, qui l’avait encouragé subtilement. Et de Cahir, quand celui-ci ne cédait pas à ses noirceurs internes. Alors que le reste de sa famille macère dans son passé et sa médiocrité, peut-être qu'enfin il pourrait atteindre un objectif plus ambitieux. Relevant son regard au miroir, il fit face à son dur visage, serré, moins enjoué qu’un instant auparavant. Ouvrant un robinet, il s’aspergeât d’eau le visage, alors que la porte lourde de la pièce s’ouvrit, annonciatrice de l’arrivée de quelqu’un d’autre. S’essuyant la figure de ses mains fines, il ne vit pas qui arrivât, mais en reconnut la voix.

« Franchement, Cormac, tu crois que c’était une si bonne idée que ça, de se taper Gwyn ici alors qu’on a examen dans 20 minutes ? »
« Eh bien, comme tu l’as peut-être aperçu sur son expression, ça n’a dérangé aucun de nous deux. »
« C’est ça, fait-donc le malin. En attendant, tu feras mieux de remettre ta chemise dans ton pantalon et de venir relire tes notes. On entre dans la salle dans quelques minutes. »

Faisant un geste de la main dans la direction de son ami comme pour le congédier, Cormac se retournât pour attraper sa cape, pendue à la porte d’une cabine voisine. L’enfilant tout en se rhabillant correctement, il s’assurât de bien avoir sa baguette en poche, avant de ramasser son petit tas de livres et de note posé sur le coin d’un robinet, bien arrangé.

« Mais tu étais passé où, encore, Gaunt ? »
« Eh bien, j’étais... »
« Oh peu importe, suis-moi tout de suite, il y a un discours du directeur. »

Cormac suivi son directeur de secteur, rajustant sa cape verte, attachant un bouton pour la fermer convenablement. Sortant du couloir pour arriver dans le grand hall, ils rejoignirent alors un grand nombre du personnel. Il devait y avoir pratiquement tout le personnel en service, tous ceux et celles qui avaient pu quitter le chevet des patients pour venir s’assembler au niveau du grand escalier. À son sommet se tenait perché le directeur, encadré d’autres sorciers que le Gaunt ne reconnut pas. Cependant, leurs capes de hautes factures et leur air lui laissait à penser qu’il s’agissait de personnes importantes.

« Bien, je pense qu’il y a tout le monde ici. Je tiens donc à vous annoncer que, compte tenu des circonstances de siège du monde magique, et puisque l’accès à notre établissement ne se fait désormais plus que par le portail magique, nous vous invitons tous à une extrême prudence. N’acceptez que les sorciers et sorcières ayant fait correctement leurs inscriptions au registre magique. Certains et certaines d’entre vous seront susceptibles d’être appelés à travailler directement auprès du ministère, et compte tenu du contexte, je vous remercierai de leur fournir toute assistance possible. Nous sommes en guerre, et la plus grande vigilance. Ensemble, nous pourrons perdurer. Sur ces paroles, je ne vais pas vous retenir. Si vous avez des questions, je vous invite à les adresser à tous les soigneurs en chef de vos secteurs. Nous vous contacterons ainsi également, en cas de besoin. Bonne journée et bon courage à vous. »

Se tournant vers son directeur de secteur, Cormac s’apprêtât à ouvrir la bouche, mais une sorcière se présentât avant lui, pressant de questions sur ce qui allait changer sur le contexte actuel de leur travail. Haussant les épaules, le Gaunt tournât les talons et s'en retournât vers leur département des potionnistes. La situation actuelle, bien que préoccupante, ne l’émouvait pas tant que ça. Il s’attendait bien sûr à que de telles mesures soient prises. Tout ce qu’il espérait, c’est que les huiles du Ministère de la Magie ne se souviendraient pas de lui, et le laisseraient à ses projets. Hors de question qu’il abandonne son poste actuel pour commencer à tatouer des malédictions sur des sangs impurs. Non, ce qui le tracassait, ce qui l’émouvait, c’était cette agitation sur le pouvoir si unique que semblait vouloir manier leur nouveau chef du monde magique, Grindelwald. L’idée était convenable, publiquement affichée. Les sorciers trouveraient le moyen de relever les morts, les pertes tragiques et autres victimes d’un destin discriminatoire. Si cela peut leur faire plaisir. Bonne chance s’ils ne trouvaient jamais ce moyen si merveilleux. Non, ce qui tracassait le jeune sorcier, c’était le reste du conte, de l’histoire du maître de la Mort. Cela gardait Cormac éveillé la nuit, et alors qu’il discutait avec ses anciens camarades du CIA, une idée folle lui était venue. Une idée terrible, une idée formidable. Une idée qu’il fallait taire à tout prix. Une idée qu’il pourrait mettre en marche, et s’émanciper de toute cette infamie. Mais pour cela, il allait devoir se mettre au travail. Et cela impliquait qu’on cesse de le déranger alors qu’il lisait la rubrique du courrier du cœur de la Gazette.